L'Algérie vient d'exporter quelque 10 000 tonnes d'orge vers la Tunisie. Après avoir supprimé les importations de blé dur depuis avril 2009, l'Algérie compte réduire celles du blé tendre. Le soutien réservé à la filière céréalière, deux années durant, a, semble-t-il, donné ses fruits. Considérés comme stratégiques, ces produits continueront à bénéficier de tout l'intérêt des pouvoirs publics pour les cinq prochaines années. C'est dire que l'organisation mise en place pour la céréaliculture a été efficace. Mieux, notre pays vient d'exporter quelque 10 000 tonnes d'orge vers la Tunisie. Cette première exportation intervient après 43 années d'absence des marchés céréaliers internationaux. “Nous l'avons vendu à des prix nettement supérieurs à ceux appliqués sur la Bourse de Chicago. Le premier bateau quittera le port d'Alger probablement cet après-midi (lundi, ndlr). Je tiens à remercier les 6 000 céréaliculteurs qui étaient à l'origine de cette production record”, souligne M. Noureddine Kahal, directeur général de l'Office interprofessionnel des céréales (Oaic). “La qualité de notre orge est nettement supérieure aux produits qui se vendent sur les marchés mondiaux, avec des taux d'humidité qui tournent autour de 8 à 9%, alors que les normes internationales sont de 15%. Le taux de protéine, 8 à 9%, alors que les standards internationaux sont de 7%. En plus de cela, il s'agit d'un produit bio”, tient à préciser ce responsable lors de son intervention hier sur les ondes de la radio Chaîne III. Pour rappel, la production l'année dernière était de 62 millions de quintaux, dont 21 millions de quintaux d'orge récoltés. Sur cette production, l'Oaic a collecté 9 millions de quintaux. Une quantité estimée à 5 millions de quintaux a été commercialisée sur le marché national, le reste est en stock. “Au fur et à mesure que la mise à niveau s'effectue au niveau des CCLS, nous sortons sur le marché pour annoncer d'autres quantités et l'opération va se poursuivre en fonction de l'évolution des prix sur les marchés internationaux”, affirme M. Kahal. L'Oaic suit, selon lui, attentivement l'évolution des prix sur la Bourse de Chicago. “Nous sortons sur le marché à chaque fois qu'il y a des opportunités d'affaire”, indique-t-il. Y aurait-il risque de pénurie sur localement ? Noureddine Kahal rassure que “nous avons mis en réserve pour la couverture du marché national l'équivalent de 2 ans. Sans compter la production attendue pour la campagne de 2009-2010, et qui était, je vous l'annonce, bonne pour le blé dur et le blé tendre et moyenne pour la production de l'orge”. Interrogé sur les gains obtenus par l'Etat à travers cette exportation, le DG de l'Oaic répond que “le prix de revient d'un quintal d'orge, y compris la marge bénéficiaire du céréaliculteur, tourne autour de 1 200 DA. C'est avec ce prix de revient que nous sortons sur le marché international. Les soutiens de l'Etat ne sont pas pris en considération dans le prix de vente obtenu sur le marché international. Ce sont donc des subventions propres à l'Etat algérien pour encourager la production”. Il faut noter, par ailleurs, que le coût de la facture alimentaire, pour ce qui concerne l'importation des céréales en 2008, a dépassé les 3,25 milliards de dollars. Cette facture a été ramenée en 2009 à 1,2 milliard de dollars, soit une économie de plus de 2 milliards de dollars en l'espace d'une campagne. Pour M. Kahal, en année 2009-2010, la production du blé dur et du blé tendre équivaudra à celle obtenue pendant l'année dernière. Cependant, la production d'orge, affectée par les conditions climatiques difficiles, notamment dans les zones agropastorales, particulièrement durant les mois de mars et d'avril, sera moyenne par rapport à l'année écoulée.