“Nous rejetons l'idée d'une enquête internationale, Israël qui est une démocratie a la capacité et le droit de mener une enquête interne. Nous ne ferons l'objet d'aucune investigation par un quelconque comité international” ! C'est la réponse d'Israël à la résolution du Conseil de sécurité et aux pressions internationales. Un pays au-dessus de toute juridiction et cette réponse a été proférée à partir des Etats-Unis par l'ambassadeur de l'Etat hébreu. Ce n'est pas fortuit, le rejet de l'enquête est annoncé depuis la puissance qui a toujours soutenu Israël et qui continue à le faire même pour le pire et face à d'horribles crimes passibles de juridictions internationales, de la Cour pénale internationale (CPI), notamment, en charge justement de procès dont n'arrête pas de se qualifier l'Etat hébreux. Israël ne veut donc pas de l'enquête “crédible, impartiale et transparente”, souhaitée par le Conseil de sécurité de l'ONU réuni en urgence le soir même du raid meurtrier sur la flottille qui convoyait de l'aide humanitaire à destination de Gaza et qui s'était soldé par un carnage, des assassinats prémédités, l'autopsie des morts ayant révélé qu'ils ont été abattus à bout portant, à moins de 45 cm ! Et c'est la presse britannique qui l'a révélé. La pression internationale n'a pas faibli pourtant. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a essayé de convaincre le Premier ministre israélien Netanyahu de la nécessité de cette commission internationale qui devait être présidée par l'ex-Premier ministre néo-zélandais Geoffrey Palmer et inclure des représentants des Etats-Unis, de la Turquie et d'Israël. Sarkozy a exhorté ses amis israéliens à donner suite aux demandes du Conseil de sécurité. En visite à Chypre, le pape Benoît XVI a renouvelé son appel pour la paix au Proche-Orient, réclamant un effort international urgent pour éviter “de plus grandes tragédies”. Israël est resté sourd. Le ton monte à l'étranger. Navi Pillay, haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a dénoncé le blocus imposé à la bande de Gaza. “Le droit humanitaire international interdit comme méthode de guerre d'affamer les civils (...), tout comme de leur imposer des sanctions collectives”, a-t-elle déclaré. La Turquie, sans laquelle les avions de chasse israéliens auront des difficultés à voler, car c'est dans le ciel turc qu'ils passent à leur vitesse de croisière, sera ferme jusqu'à ce que le blocus de Gaza soit levé, que cessent les massacres et que la terreur d'Etat au Proche-Orient soit considérée comme telle, a déclaré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Tout au plus Netanyahu serait prêt à créer sa propre commission d'enquête nationale (laâb H'mida oua racham H'mida). Et comble de la provocation, il a dépêché hier à New York son raciste chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman, l'ex-Russe qui veut vider Israël de tous ses résidents arabes. Le mouvement Free Gaza, à l'initiative de l'envoi de la Flottille de la liberté, a déjà annoncé une nouvelle tentative de briser le blocus maritime dans les deux prochains mois. Le bras de fer continue. Washington a également estimé que le blocus israélien était “intenable”, mais en attendant le geste fort de sa part, Obama précise que les Etats-Unis travaillent dans l'urgence avec Israël, l'Autorité palestinienne et d'autres partenaires internationaux pour concevoir de nouveaux modes d'acheminement de marchandises et d'assistance à Gaza. Face à la colère du monde, l'Etat hébreu pourrait accepter de modifier les conditions de l'embargo sur Gaza. Netanyahou pourrait décider d'impliquer la communauté internationale dans un embargo sur les armes, laissant entrer les autres marchandises à Gaza. Des responsables du ministère travailliste de la Défense envisagent de laisser passer des bateaux d'aide humanitaire, à condition qu'ils soient inspectés par une force internationale, possiblement onusienne, rapporte le Jérusalem Post. Toutefois, Netanyahu a répété qu'Israël “ne permettrait pas la création d'un port iranien à Gaza et l'entrée libre d'armes dans ce territoire”, en référence à la déclaration des Gardiens de la révolution iranienne dans laquelle ils se sont dit prêts à escorter des flottilles d'aide destinée à Gaza, si l'ayatollah Ali Khamenei en donne l'ordre. Israël en fait à sa tête tant que Washington restera son pare-feux. Le verdict de la commission onusienne sur le massacre des Gazaouis fin 2008 début 2009 est resté caduc, Israël l'avait récusé dans la forme et dans le fond. Il avait été défendu par les Etats-Unis.