L'anarchie ambiante et la déliquescence des institutions de l'Etat ont fait que des terres — tous statuts confondus — soient livrées, à Annaba, à un véritable pillage. Les cas d'appropriation par des particuliers sont légion, même au cœur de la ville de Berrahal et au niveau de ses alentours, notamment aux abords du périmètre du lac Fatzara et de la zone industrielle. Aujourd'hui, au cœur de la cité, des propriétaires de villas procèdent carrément illicitement à l'extension de leurs bâtisses en construisant des piliers sur les trottoirs. Pourtant, ce n'est pas la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement qui manque dans cette daïra, où le tribalisme et le régionalisme sont légion. Devant le laisser-aller et le laisser-faire, la maffia ne semble reculer devant rien, même s'il faut procéder à la falsification des documents et plans des services du cadastre pour avoir la mainmise sur le foncier. Mieux encore, cela se passe au moment même où les potentialités foncières destinées à l'investissement et à la promotion immobilière se rétrécissent comme peau de chagrin et que les autorités consentent un effort sur la mobilisation de terrains d'assiettes. La forêt appelée communément Ballot Zaouch (chênes-lièges), mitoyenne avec la RN44 reliant Annaba aux wilayas de Constantine et de Skikda, demeure un cas des plus édifiants. La superficie de celle-ci fait l'objet depuis des années d'un pillage systématique et non-stop au vu et au su de tout le monde. Autrefois très dense, cette forêt de quelque 2 000 hectares appartenant au secteur des forêts, une zone protégée, a perdu malheureusement, au fil des années, pratiquement 80% de sa végétation. Aujourd'hui, les jardins potagers, entre autres, poussent comme des champignons entre les rares arbres de chênes-lièges encore debout. Pour le moment, seules deux petites parcelles, chacune d'elle de quelque cinq hectares, très fréquentées par les sportifs et les amoureux de la nature, situées non loin du barrage fixe de la BMPJ de Berrahal, sont restées intactes. À cela il faut ajouter que plusieurs autres lots ont été détournés, dont certains abritent des “ranches” et d'autres parcelles des baraques.