Il faut espérer que, si un jour il est retrouvé, le type qui a brûlé le drapeau français d'une mairie de Val-de-Marne, et qui l'a remplacé par le drapeau algérien, ne nous fera pas le plaisir de dédier cet acte à la patrie. On se souvient que la compatriote qui s'est fait remarquer dans “l'opération” d'envahissement du terrain au cours de la rencontre France-Algérie, puis condamner pour cet acte de délinquance, était très officieusement invitée, quelques semaines plus tard, à plastronner dans la tribune officielle du stade du 5-Juillet. Qu'on ne s'étonne donc pas : certains, chez nous, y trouvent motif à glorifier ce haut fait d'armes déplacé. Et pas seulement en termes d'époque. L'équipe nationale de football en campagne au Mondial 2010 est faite de jeunes compatriotes nés ou installés en Europe, et plus particulièrement en France. Leur choix de défendre les couleurs algériennes en a fait des ambassadeurs qui forcent le respect. Cette spécificité de la composante du onze actuel vient, certes, compenser la faillite des politiques locales dans la formation d'une élite sportive de niveau mondial. Bien que… Bien qu'on puisse se demander si Hadj Aïssa n'aurait pas fait mieux que Ghezzal. Mais cette spécificité semble avoir donné à des jeunes “issus de la communauté algérienne à l'étranger” l'occasion de manifester leur attachement aux couleurs nationales de manière, disons, très libre. Lors du dernier match de préparation de l'équipe en Allemagne, l'envahissement de terrain en fin de rencontre a été rapporté par notre presse comme la preuve d'un surplus d'engagement de ces supporters avec l'équipe nationale. Il ne fut nulle part question d'un dépassement qui porte atteinte à l'image du jeune sportif national. Ce genre de débordement et les excès, à l'occasion observés du côté de la Cannebière ou de la porte Maillot, sont supposés exprimer la nature exubérante d'une jeunesse qui, pour avoir élu domicile et, souvent, citoyenneté dans un autre pays n'en reste pas moins éperdument attachée à la patrie d'origine. Mais faut-il dépasser les limites du civisme pour prétendre représenter ce patriotisme ? La stupidité, comme celle qui a conduit à brûler le drapeau de la mairie de Villeneuve et y accrocher l'emblème algérien, qui a ses institutions à identifier, n'a pas de nationalité. L'Histoire a légué à l'Algérie et à la France un contentieux, ou des contentieux qui n'ont pas encore trouvé les régimes politiques en mesure d'en assumer le traitement. L'article de loi, avorté, sur les bienfaits de la colonisation montre la légèreté avec laquelle des responsables peuvent aborder, cinquante ans après la disqualification universelle du colonat, des thèmes à si gros risque. D'un autre côté, l'irrésolution velléitaire des politiques algériens sur la question de la repentance vient ajouter à la confusion des esprits sur l'attitude à avoir à l'endroit de ce partenaire indéfinissable et néanmoins terre d'accueil, voire d'adoption, de pas mal de compatriotes. En attendant que les positions se clarifient, autant se garder de tirer satisfaction de voir le débat changer de… terrain. Et surtout de faire, par omission, l'éloge de l'incivisme et de le confondre avec un patriotisme débordant. M. H. [email protected]