Rappelez-vous la CAN-2010 et vous comprendrez pourquoi Capello est dans de beaux draps : la ruse de notre coach national consiste à toujours afficher un profil bas pour endormir l'adversaire, avant de frapper fort, le moment venu. Après la défaite des Verts face à la Slovénie, Rabah Sâadane a essuyé les critiques des techniciens de la balle ronde, des journalistes et des supporters algériens. C'est sans doute la première fois qu'un entraîneur est à l'origine d'un tel consensus planétaire, tant ces critiques ont émané de toutes les régions du globe. Autant dire que le Cheikh porte seul le poids de la déception de tout le monde. Face à une telle levée de boucliers, Sâadane est resté peinard. Car il est le seul à connaître le secret de la mauvaise allure de son équipe face à la Slovénie. Et s'il a évité de répondre à ses détracteurs, c'est précisément pour ne pas dévoiler sa stratégie. Il ne faut surtout pas mettre Capello en alerte. Car Capello, c'est la prochaine victime de la ruse du Cheikh. Car, pour ce faire, Sâadane a mis au point son plan… d'attaque, bien avant le coup d'envoi du Mondial. La mise en branle de ce plan d'attaque tenu au secret pour des raisons évidentes de confidentialité prévoyait de jouer… la défense face à la Slovénie. La défense, rien que la défense. D'où l'absence de toute animation offensive, dimanche dernier. Souvenez-vous, la ruse de Sâadane consiste à toujours afficher un profil bas pour endormir l'adversaire, avant de frapper fort, le moment venu. Rappelez-vous la CAN-2010. Il déclarait n'avoir aucune chance de passer le premier tour et, comme pour en attester, les Verts étaient battus 3 à 0 par le Malawi, le Petit Poucet du tournoi. La suite, on la connaît. Le Cheikh a torpillé la Côte d'Ivoire de Drogba et n'était ce maudit Kofi Codjia, ses poulains auraient joué la finale et, évidemment, remporté le trophée face aux Ghanéens. Ainsi, si ses poulains ont joué petitement leur premier match, c'est parce que lui-même jouait déjà son propre match face à… Capello. Et, dans cette confrontation à distance, sa stratégie était autrement plus percutante que la piètre tactique choisie contre les Slovènes. C'est que Sâadane, à l'affût tel un renard, avait déjà tiré les conclusions logiques d'une bévue “défensive” de Capello : si l'Angleterre veut rester au pays de Mandela jusqu'à la finale, comme annoncé par mégarde par le sélectionneur des British, il va lui falloir du souffle. “Qui veut aller loin ménage sa monture”, dit-on. Capello sera donc obligé de mettre au repos certains de ses joueurs pour les préserver de la fatigue, des blessures et des cartons qui pourraient le priver de ses meilleurs atouts lorsqu'il lui faudra en découdre avec des adversaires plus redoutables, comme le Brésil, l'Espagne ou l'Allemagne. Et, forcément, ce sera face aux “plus faibles” que Capello mettra ses meilleurs éléments au… vert. Voilà pourquoi les Verts devaient se montrer mauvais, autant que faire se peut. Un challenge qu'ils ont brillamment réussi, en affichant notamment leur incapacité à inquiéter l'arrière-garde adverse. Tenez ! Un professionnel aguerri comme Ghezzal aurait-il pris deux cartons jaunes en 10 minutes si le but du jeu n'était pas de faire étalage de graves défaillances psychologiques au sein du groupe ? Si Boudebouz a dû chauffer le banc, c'est pour ne pas enflammer la ligne d'attaque algérienne, ce que Sâadane voulait éviter à tout prix. Le plan d'attaque consistait à nous inventer des lacunes et annihiler nos points forts. Rien de tel pour endormir Capello. Il fallait surtout éviter de jouer notre football et étouffer notre potentiel offensif. Ne pas mettre Capello en alerte, c'était le mot d'ordre. Grâce à cette prestation médiocre, mais évidemment réfléchie, parions que l'infortuné Capello a déjà mordu à l'hameçon. À l'heure qu'il est, il a certainement décidé de se passer des services de Lampard, Gerard, Terry, Rooney et autres Crouch. Peut-être même poussera-t-il la hardiesse jusqu'à jouer sans défense puisque l'Algérie s'est montrée absolument inoffensive. C'est là que l'attend Sâadane qui va alors, sans contrainte aucune, rééditer “le match de référence” que fut ce fameux Algérie-Côte d'Ivoire. Et c'est là que Capello va voir ce qu'il va voir : un Belhadj époustouflant sur le flanc gauche, un Bougherra fonçant devant tête baissée, suivi de près par Halliche ou Antar Yahia, Yebda et Lacen constamment aux avant-postes pour seconder un Matmour qui aura élu domicile dans les 16 yards adverses. C'est pourquoi, demain, le score risque d'être lourd…