À travers un communiqué, affiché à l'intérieur des ateliers et aux quatre coins du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, depuis deux jours, les représentants des travailleurs rappellent à leurs collègues que l'échéance du débrayage est là, et que le choix de cette mesure a été décidé par eux, à l'unanimité, après avoir épuisé toutes les voies de la concertation et de la négociation avec l'employeur. La mobilisation de tous, ce matin, sera “une action de laquelle dépend l'avenir des travailleurs et leur capacité à arracher des droits légitimes refusés par un employeur qui n'a de souci que le transfert de l'argent produit de notre labeur à l'étranger”, écrit en substance le secrétaire général du syndicat d'entreprise, signataire de l'appel, en appelant ses collègues à marquer leur adhésion au mouvement de grève. Le rédacteur du communiqué demande aux travailleurs de se manifester massivement durant le temps que durera le mouvement de grève, jusqu'à l'obtention des droits revendiqués afin de ne pas “laisser l'ombre d'un doute quant à leur soutien à leur syndicat”. Et de mettre en garde ces derniers contre la volonté de la direction de l'entreprise de faire avorter le mouvement de grève en diffusant à leur intention des bulletins d'information qui viserait à semer le doute et à les induire en erreur. Se disant confiant toutefois de la conscience et de l'intelligence de ses collègues, Smaïn Kouadria demande à ses collègues d'être attentifs à leur syndicat vis-à-vis des tromperies de la direction, qui n'aurait d'autres visées que de remettre en cause leur décision de recourir à la grève exprimée en assemblée générale le 10 juin 2010. Polémiquant sur le dernier bulletin d'information diffusé par l'employeur au sujet justement de l'illégalité du mouvement de grève, le syndicaliste s'applique à démentir les assertions de celui-ci en indiquant que toutes les étapes de la procédure de conciliation ont bel et bien été respectées par les représentants des travailleurs. “Elle (la direction) considère la grève illégale parce que l'Inspection du travail n'a pas fourni un procès-verbal de non-conciliation et parce qu'elle n'a pas autorisé la tenue de l'assemblée générale tant que, selon ses sources sécuritaires, le nombre des travailleurs présents à ladite assemblée générale ne dépasse pas les 800, nous apportons un démenti catégorique à toutes ces allégations”, répond Kouadria. Bien au contraire, soutiendra-t-il, “le syndicat a adressé à la direction une lettre avec accusé de réception l'informant de la tenue de l'AG” et “l'Inspection du travail a été informée du désaccord sur la plate-forme de revendications depuis sa naissance, de même qu'elle a été mise au courant de tout le parcours de traitement du désaccord”. Revenant sur les étapes qui ont précédé la décision de recourir à la grève comme mesure inévitable selon lui, le secrétaire général du syndicat d'entreprise écrit encore que “le syndicat a saisi par trois fois l'Inspection du travail et par voie d'huissier pour organiser avec la direction les réunions de conciliation” et que ce n'est pas sa faute si “l'Inspection du travail refuse de délivrer aux parties en conflit le procès-verbal de non-conciliation”. Déplorant ceci, il signale que “cette carence ne peut être imputée au syndicat” qui ne peut constituer en soi “un motif d'illégalité de la grève” et qu'au demeurant “seule la justice est habilitée à se prononcer” sur cet aspect. Avant d'exhorter les travailleurs à lutter et à ne pas rester passifs afin de faire aboutir leur plate-forme de revendications, Smaïn Kouadria affirmera que le mouvement de protestation et la décision d'observer la grève ont été décidés démocratiquement par l'assemblée générale à laquelle ont participé entre 4 500 et 5 000 travailleurs, comme en attesterait un constat d'huissier.