En grève depuis lundi dernier, les 6 200 ouvriers du complexe sidérurgique d'ArcelorMittal Annaba ont persisté, hier encore, dans leur attitude malgré la décision du tribunal d'El-Hadjar, saisi en référé par la direction de l'entreprise, ordonnant l'arrêt du mouvement et la reprise immédiate du travail. Le débrayage a été observé par les travailleurs de toutes les unités de production, de commercialisation, les services technique et administratif ainsi que les salariés de l'unité port, lesquels ont, pour leur part, refusé de procéder au chargement de cargaisons destinées à l'exportation de 4 000 tonnes de fonte en gueuses vers l'Espagne. En réaction à cette manifestation de désobéissance, la direction multiplie les appels à la sagesse tout en avertissant qu'elle prendra “toutes les mesures légales pour faire respecter la décision de justice”, pouvait-on lire sur le bulletin d'information interne placardé aux quatre coins du complexe sidérurgique, mardi. Vincent le Gouic et son staff de direction se sont, par ailleurs, réunis en conseil d'administration avec les représentants du groupe Sider, partenaire contractuel d'ArcelorMittal Algérie pour statuer sur les mesures à prendre en fonction de cette fronde. Ceci alors que les messages de soutien affluent de toutes parts, et notamment des travailleurs des sites miniers de l'Ouenza et Boukhadra, lesquels ont observé pour leur part deux heures de débrayage, mardi matin, ainsi que les sections syndicales des grosses entreprises de l'Algérois, affirmait, hier encore le secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal Annaba. Encouragé par cet élan de solidarité agissante et tributaire de l'attitude de ses camarades du site d'El-Hadjar, qui ont clairement affiché leur intention d'aller le plus loin possible dans le bras de fer qui les oppose à la direction, ce dernier déclare qu'il n'est pas question de baisser les bras si l'équipe dirigeante de la filiale du géant mondial de l'acier en Algérie ne répond pas positivement aux revendications salariales. “Nous avons fait appel devant la cour de justice d'Annaba du jugement du tribunal d'El-Hadjar, ordonnant la reprise du travail et sommes confiants quant aux suites que cette instance réservera à notre requête, car nous sommes dans notre droit”, a confié Smaïn Kouadria. Un langage qui tranche avec celui utilisé par la direction du complexe, laquelle prévenait solennellement par le biais dudit bulletin d'information adressé aux grévistes que “cette décision de justice doit être respectée par tous dans un pays de droit. Ceci signifie que tous ceux qui ne reprendront pas le travail s'opposeront à la décision du tribunal avec toutes les conséquences légales d'une telle attitude”. En reconnaissant toutefois que “le recours à la grève est un droit que la direction respecte lorsque le processus décrit par le code du travail est respecté. De ce fait, chaque salarié est libre de suivre ou pas ces mouvements comme la loi le précise. Dans le cas précis, il est de la responsabilité de chacun de se conformer ou pas à une décision de justice”. Nous apprenons que la FNTMMEE, dont dépendent les travailleurs de ArcelorMittal s'est réunie de son côté en urgence à Alger pour statuer de son côté sur les mesures à prendre dans le cadre de son éventuelle intervention afin d'apaiser le conflit social d'El-Hadjar.