Durant cette période de Coupe du Monde de football auquel participe de nouveau l'Algérie, après 24 ans, il sera difficile de trouver un sujet de chronique pour cause de ralentissement général des activités nationales. Capter l'attention des lecteurs sur les questions économiques sera encore plus ardu. Néanmoins l'actualité étant toujours marquée par l'annonce du plan quinquennal 2010-2014, les conditions de son exécution en constituent l'aspect stratégique au regard des faibles performances d'intégration des programmes publics précédents. Essayons de passer en revue quelques conditions nécessaires (mais non suffisantes) de succès de ce nouveau plan. Je les regroupe en deux grandes familles : celle relative à la sphère de la maîtrise d'ouvrage qui concerne l'état puisqu'il s'agit d'investissements publics et celle relative à la sphère de l'exécution d'ouvrages qui renvoie aux entreprises algériennes en tant qu'offre interne de réalisation sous contrainte de compétitivité et d'efficacité. S'agissant des progrès attendus de la part des pouvoirs publics dans la sphère de la maîtrise d'ouvrages, ils ne peuvent être obtenus sans un bilan et une évaluation précise des conditions de réalisation des programmes précédents. La première observation qui ressort déjà de ce bilan à produire est celle de la conjonction d'une estimation insuffisante des projets avec des surcoûts notables et de retards enregistrés importants. Résultat des courses : le plan 2010-2014 consacre 45% des 286 milliards alloués à l'achèvement des projets d'infrastructures du programme précédent. C'est pourquoi ces divergences constatées en matière de surcoûts et de retards, sans parler des aspects directement liés à diverses formes de corruption, commandent deux choses : en amont la consolidation des instruments de maturation des projets à l'instar de la Caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED), créée en 2005, et en aval la réactivation et la mise en place d'institutions d'évaluation et de contrôle a posteriori (Cour des comptes, promulgation et mise en œuvre de la loi sur le règlement budgétaire). En même temps, des mesures d'efficacité plus fines devront être produites pour évaluer les coûts de fonctionnement de ces infrastructures, leurs conditions de financement durable ainsi que de la valorisation des externalités positives qu'elles procurent aux entreprises et aux ménages car tout est mesurable. Cet aspect est pris en charge ailleurs par des institutions de veille et/ou de prospective qui élaborent des analyses à long terme pour éviter qu'une partie de ces investissements ne se dégradent après quelques années par défaut ou insuffisance du seul financement budgétaire. C'est sur de telles bases que des décisions politiques transparentes peuvent alors être prises quant à la tarification ou la gratuité des services publics offerts. Il y a là en tout cas du grain à moudre pour le tout nouveau ministère chargé de la prospective. Enfin des think tanks institutionnels ou privés, transversaux ou sectoriels devront, selon les cas, être crées et/ou renforcés pour accompagner les réflexions diverses de maturation et de développement de ces projets en termes de comparaison avec des investissements de même type faits dans d'autres pays (bench mark), à l'effet de corriger ou de consolider les trajectoires d'études et même de réalisation. Cela ne coûte pas cher, cela peut surtout éviter des erreurs. A titre d'illustration le dernier “saisine” du Conseil national économique et social (CNES) pour un avis sur le grand projet numérique public “E-Algérie 2013” peut être considérée comme une bonne pratique à élargir à d'autres grands projets. Venons en au deuxième volet de la problématique relative aux entreprises algériennes. La volonté politique de création et d'amélioration de l'offre des entreprises algériennes pour participer davantage (combien en pourcentage du programme total exprimé en valeur ?) a été clairement affichée. Néanmoins, le chiffre de 5% de mise à niveau de PME sur les 400 000 existantes est largement insuffisant face à l'ampleur des besoins de biens et de services que génèrera le programme 2010-214. L'émergence de champions industriels nationaux gagnerait aussi à être accélérée à l'initiative d'abord des entrepreneurs eux-mêmes publics ou privés car les opportunités offertes par un marché national préférentiel et solvable ne dureront pas éternellement. Il faut rappeler que les pouvoirs publics s'étaient clairement engagés dans l'appui de ce processus d'autant que “la stratégie existe dans le cadre de la politique du gouvernement” pour reprendre les termes du nouveau ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements. En attendant, ce dernier affiche la couleur pour le règlement de la question récurrente du foncier industriel en affirmant vouloir « distinguer les véritables promoteurs désireux de s'engager dans des projets d'investissements contribuant ainsi à la croissance du pays de ceux pour qui le foncier est un gisement de rente spéculative sans contrepartie pour l'économie nationale ».Déjà des assouplissements des procédures d'obtention de concession sont à l'étude. Quant aux prix encore élevés des terrains concédés dont parle le Forum des chefs d'entreprises (FCE) ils ne baisseront qu'avec l'élargissement de l'offre foncière industriel qu'il faudra également accélérer. Pour conclure on voit bien que les résultats de 2014 dépendront des actions correctives initiées aujourd'hui. Le compte à rebours a déjà commencé.