Le ramadhan est à nos portes et sa venue donne à certains une irrésistible envie d'imiter l'autruche. Car le mois sacré commence déjà à semer du sacré froid dans les portefeuilles des plus démunis. Et pour dire les choses franchement, il fait même trembler ceux qui, en temps normal, mangent convenablement à leur faim. Car, il faut le souligner, Mostaganem est, excepté quelques rares “lieux-dits”, l'une des villes les plus chères d'Algérie. Ses vitrines sont inaccessibles. Les prix de ses viandes inabordables. Et même parfois, ses fruits et légumes, alors que la région est connue pour sa vocation agricole ! Ne restait plus pour les plus nécessiteux de la capitale du Dahra, que certains marchés comme ceux de Aïn Sefra dit “pourvoyeurs des gamelles des pauvres”, ou encore celui plus approximatif de l'ancien cœur de Mostaganem. Dans ces marchés-là, qui sont autant les poumons de la ville que des arches de Noé pour les humbles bourses, le Mostaganémois moyen, et même parfois les cadres pouvaient à loisir et sans trop se “triturer” le porte-monnaie remplir convenablement leurs couffins. Mais depuis l'approche de ce mois de l'œsophage et de gastrites, censé pourtant être un mois d'abstinence et surtout de miséricorde, les prix ont, comme par enchantement, commencé à avoir la prétention de tutoyer les cimes. Et leur envol n'a d'égal que la rapacité de certains commerçants à vouloir “à tout prix” gagner en un mois ce qu'ils n'auront pas acquis le reste de l'année, en piété… Résultat, tout comme Tigditt, le marché de Aïn Sefra a fini lui aussi par imiter les pratiques des autres marchés huppés, couverts ou pas de la ville où les prix ont vertigineusement grimpé : la Deglett Nour est passée de 120 à 180 DA, les viandes rouges de 540 à 600 DA et les fruits flirtent avec des minimas de 100 DA pour atteindre parfois les 180 DA. Même le vulgaire navet est en train de prétendre à la même hauteur de vue que la “noble” et essentielle patate. Il n'y a désormais plus que la sardine qui est en train de faire du surplace en flirtrant tantôt avec les 40 DA/kg, tantôt les 60. Mais qui, à compter de jeudi prochain, se soucierait de sardines ? Au vu donc de toutes ces hausses qui échappent — liberté de marché oblige — à tout contrôle, il ne restera plus aux services de la DCP qu'à agir sur la qualité ; et aux plus humbles des Mostaganémois à se tourner vers les sempiternelles lentilles-pâtes, loubias et autres denrées des jours d'hiver. Les damnés de l'Algérie pourront, eux, toujours compter sur la chaleur d'une approximative h'rira au jumbo, ou encore sur ce compagnon des jours sans et des “fils des pauvres” : le couscous. Et peut-être même sur des soupes populaires appelées pompeusement “meïdat ramadhan”. Eh ! Qui sait ? Mais comme en toute chose, il ne faut pas trop tirer sur la corde, il nous faut absolument dire un mot sur les adeptes d'el- m'thawam”, des pruneaux fourrés aux amandes et de la crevette royale. Eux aussi, ne comptent pas pour des… prunes ici à Mosta. Ceci fait, nous aurons, au moins, eu l'insigne mérite de souligner tous les bienfaits de l'économie de marché et tout l'apport des bienfaiteurs du container et des gros chalutiers. A. A.