Zéro but marqué au Mondial. Saâdane a fait son diagnostic : “Les attaquants ne concrétisent pas et il va falloir trouver l'oiseau rare.” Les différentes combinaisons Djebbour-Ghezzal, Ghezzal-Matmour ou Matmour-Djebbour ont été jugées toutes défaillantes. La raison est à chercher non pas chez les attaquants, mais dans l'exploitation optimale de la géométrie du terrain de football. L'EN ne marque pas de buts non pas à cause de l'inertie des attaquants, mais à cause de son incapacité à déséquilibrer ses adversaires par une grande densité dans le jeu. Notre EN n'a jamais été en mesure de profiter de la largeur du terrain pour essayer d'étirer la défense adverse et de créer par la suite des espaces dans la profondeur. Pourtant, Saâdane devait certainement admettre que les enchaînements dans les couloirs assurent l'exploitation des espaces et amènent par la suite des occasions de but. À aucun moment du Mondial, l'Algérie n'a cherché ou essayé de déstabiliser l'adversaire dans la largeur, en l'attirant d'un côté pour jouer ensuite rapidement de l'autre côté où la densité des joueurs adverses est moindre, soit par une transversale, soit par un enchaînement de passes rapides, selon le principe de fixer-renverser. Il est pourtant admis communément que l'utilisation de la largeur du terrain n'exige pas forcément la présence d'un maestro ou d'un meneur de jeu, mais simplement des joueurs aptes à jouer en bloc, défensivement et offensivement. Il suffit pour l'équipe de proposer alors des relais dans les couloirs latéraux. Lorsque l'équipe est en possession du ballon, les arrières latéraux ou les milieux excentrés doivent obligatoirement écarter pour tenter d'étirer le bloc adverse et exploiter ainsi l'espace libre sur les côtés ou alors créer une situation de supériorité numérique. L'organisation de jeu de notre équipe nationale dans la phase de possession de balle n'a jamais permis de donner soutien et appui au porteur du ballon en créant des situations de supériorité numérique de façon à offrir de plus en plus de possibilités au développement de l'action. Dans ce registre, l'animation en mouvement et sans ballon des autres joueurs deviendra quasi déterminante. Cela permet de donner suite à l'action de chaque joueur et de bâtir une philosophie de jeu basée sur le collectif, et non pas sur un attaquant de pointe esseulé dans l'arrière-garde adverse et à qui on demande à chaque fois de faire des miracles.