Lacune n «Très souvent, les employeurs méconnaissent la réglementation et n'investissent pas dans la prévention, ce qui accentue les risques dans le milieu professionnel.» Beaucoup de cas illustrant ce constat ont été cités hier, au Forum d'El Moudjahid par des intervenants relevant du secteur du travail et de la sécurité sociale, qui ont mis en avant le rôle des employeurs censés informer et former les travailleurs quant aux risques qui guettent quotidiennement leur santé. La haute climatisation, l'utilisation abusive de l'outil informatique, le stress sont autant de risques et menaces à ne pas négliger. Notre pays est bien pourvu pour ce qui est des textes de lois réglementant l'hygiène et la sécurité au travail, mais c'est l'application qui fait défaut. Les employeurs méconnaissent la réglementation qui, seule, peut permettre de diminuer le nombre d'accidents. C'est là le constat fait par l'ensemble des intervenants qui n'ont toutefois avancé aucun chiffre pour illustrer l'évolution de ce phénomène en Algérie. Le Dr Farida Iles Merad, directrice de l'Institut du travail de l'emploi et de la sécurité sociale ( Inprp) qui est longuement revenue sur le cadre réglementaire régissant la médecine du travail en Algérie, a mis en exergue le manque de moyens nécessaires pour la prévention contre les accidents du travail, précisément les incendies. Elle précisera que la loi prévoit la mise en place de médecins du travail au sein des entreprises qui doivent s'affilier aux établissements de santé ou à d'autres services médicaux relevant du secteur. Dans le même contexte, elle insistera sur la formation des travailleurs par leurs employeurs sur certains points tels que le port de casque, de gants, mais aussi le danger de certains produits toxiques ou chimiques, à l'image de l'amiante qui peut entraîner à la longue un cancer bronchique. La sécurité est l'affaire de tous, les maladies professionnelles doivent être déclarées par le médecin et la victime doit déposer un dossier au niveau de la Cnas. Pour plus de précisions, cette intervenante précise qu'en 2010 la caisse de sécurité sociale a établi un programme d'action et de prévention au niveau des entreprises contre la surdité professionnelle qui se trouve au 1er rang des risques professionnels cette année. De son côté, Saïda Kias, inspectrice centrale auprès du ministère du Travail, dira que les accidents du travail coûtent énormément à la caisse sociale, estimant, à cet effet, qu'il est nécessaire d'investir dans le cadre du développement et de la promotion des travailleurs qui doivent être davantage sensibilisés. 600 accidents en 2010 à Alger l L'inspecteur général de la wilaya d'Alger, Djida Salah, a annoncé que depuis le début de l'année 2010, près de 600 accidents du travail ont été enregistrés, dont 4 mortels liés à deux secteurs, notamment le bâtiment et l'industrie. Néanmoins, dira-t-il, ce chiffre a diminué par rapport à 2009 à la même période, «grâce aux efforts consentis par l'Etat en matière de prévention», sans pour autant préciser le taux exact de cette baisse. Selon lui, les secteurs où on trouve beaucoup d'accidents et de maladies professionnelles sont le bâtiment et l'industrie qui viennent au premier rang, suivis par les secteurs des services et de l'agriculture. Plus loin, le même intervenant plaide pour la protection des travailleurs non déclarés qui souvent sont victimes d'accidents du travail et sont livrés à eux-mêmes.