Le président du Syndicat national des magistrats algériens, M. Djamel Aïdouni, donne son point de vue sur une question très controversée qui est l'impartialité dans le traitement des dossiers de corruption. Le président du Syndicat national des magistrats algériens est serein. “Ce n'est pas la première fois qu'on travaille sur ce genre d'affaires. On a déjà un pouls de magistrats spécialisés qui ont la compétence pour le faire. Seulement, les derniers dossiers ont été trop médiatisés parce qu'il y a la presse et peut-être une catégorie de citoyens qui s'y intéresse. Durant les années 1995 et 1996 en particulier, beaucoup de dossiers de ce genre ont été traités par la justice. Les choses ont évolué depuis et, actuellement, le pays dispose de brigades dotées de compétence dans le traitement de différentes affaires judiciaires”. Formation des magistrats Selon lui, la formation a commencé à partir de l'année 2000, après les recommandations de la commission de la réforme de la justice. “C'est l'une également des revendications du Syndicat national des magistrats. Il y a eu plusieurs formations dans le domaine commercial, civil, pénal ici et à l'étranger dans des pays comme l'Espagne, la France, la Belgique et les Etats-Unis. Cette formation s'est intensifiée avec la création des pôles judiciaires spécialisés avec des stages dans le domaine de la cybercriminalité, les finances.” C'est au niveau de ces nouveaux pôles judiciaires créés depuis 2005 et dotés d'une compétence territoriale élargie que “les magistrats spécialisés qui ont été formés, aussi bien à l'étranger, qu'en Algérie s'affairent à l'étude de ce genre d'affaires”. Foisonnement en justice de dossiers de corruption, le fruit d'un règlement de comptes ? M. Aïdouni réfute cette idée. “On ne peut pas dire cela en tant que magistrat. On n'a pas un rôle politique. Lorsqu'un dossier est soumis à un magistrat, il doit le traiter et prononcer un verdict en suivant la procédure judiciaire pénale et en respectant la loi et la Constitution et dans le respect de la présomption d'innocence et la liberté de la défense.” Enquêtes DRS Le fait que pratiquement tous les dossiers de corruption transmis ces derniers mois à la justice sont le fruit des investigations de la DRS n'interpelle pas le président du Syndicat national des magistrats. “La loi le prévoit, la police judiciaire de la sûreté nationale, de la gendarmerie et de la DRS peuvent mener des enquêtes en collaboration avec le parquet qui doit être informé et à qui revient par exemple la délivrance du mandat de perquisition.” Lenteur de la justice Le temps pris par la justice pour le traitement des affaires liées au phénomène de la corruption s'explique, selon M. Aïdouni, par le fait que l'infraction est difficile à détecter. Il pense qu'on ne peut prouver la corruption que si elle est flagrante. Pour la détection des signes de corruption qui peuvent paraître évidents de plus en plus durant l'étude du dossier, le magistrat se base, dit-il, notamment sur les divulgations et les différentes déclarations des témoins et des prévenus, ainsi que sur des documents à travers lesquels il parvient à l'établissement de sa propre synthèse l'aidant à prononcer un verdict. “Ces genres d'affaires sont instruites par un magistrat instructeur qui a les capacités de mener des investigations dans des dossiers avec plusieurs inculpés. Le juge d'instruction du pôle spécialisé a un champ d'action pour celui qui relève d'Alger dans douze wilayas. Les affaires en instruction sont chapeautées par la chambre d'accusation qui contrôle le travail procédural et en profondeur. Le parquet donne également son avis et suit la procédure”, fait remarquer M. Aïdouni.