À chaque fois qu'une répression des plus sanglantes est imposée au peuple palestinien, les chaînes de télévision de l'Hexagone redoublent d'ingéniosité pour les justifier. Sans intention de nuire semble-t-il. Ce n'est donc pas sans raison si “Au revoir les enfants”, de Louis Malle, est programmé pour rappeler aux bons souvenirs des Occidentaux l'histoire simple et tragique de deux enfants juifs réfugiés sous une fausse identité avec l'aide d'un directeur de collège avant de faire une escale en enfer. C'est vrai qu'il y a de quoi être scandalisé, lorsque la Gestapo fait irruption dans l'école et emmène le directeur ainsi que les deux enfants. Mais ce qui est révoltant, c'est lorsque les sionistes, invoquant l'Holocauste, reproduisent vis-à-vis des Palestiniens, à Gaza notamment, les mêmes formes de génocide que celles appliquées contre le peuple juif par les nazis. Bien loin des préoccupations de la communauté internationale où les pouvoirs dominants et/ou dominés arabes occupent pourtant une place non négligeable. Qui décide, me diriez-vous à un moment où les flottilles de la liberté tentent de venir en aide à la population affamée de Gaza ? Ce n'est certainement pas la Maison Russie qui, elle, semble savourer les moments de ses retrouvailles historiques avec les héritiers de l'Oncle Sam affairés qu'ils sont à concocter, contre l'Iran, un remake des tragiques événements imposés au peuple irakien. Encore moins l'équipe nationale version Raouraoua/Saâdane qui n'a pas su être au rendez-vous de l'histoire et des larges aspirations des masses arabo-musulmanes et africaines qui voulaient prendre une sacrée revanche sur les représentants du complexe militaro-industriel américano-sioniste. C'est vrai que le temps d'une illusion, d'aucuns ont vite fait d'oublier qu'ils sont toujours considérés comme des damnés de la terre alors que le football en Algérie, comme hors de nos frontières, procède d'un marquage identitaire. Le fait que l'après Domenech soit maintenant géré au plus haut niveau de l'Etat français prouve l'importance de la nouvelle option politique qu'on veut impulser à la gestion du football. En écartant les joueurs locaux, Saâdane n'a fait que conforter dans leurs thèses ceux qui ont toujours fait fi des capacités créatives de tout un peuple. Electron libre, je l'ai toujours été. Politiquement correct, je suis tout simplement contre ceux qui veulent rigidifier, cimenter l'expression de la sensualité, des émotions et des sentiments, et refouler le plaisir spontané de l'adresse (ou de la maladresse) d'un peuple que l'on veut maintenir dans des carcans inhibiteurs. Plus que d'un besoin de rire de sa propre misère pour mieux la contrer, nous avons besoin qu'on laisse un peu d'amour glisser dans nos veines, de nous réconcilier avec nous-mêmes pour mieux célébrer le mouvement de la vie et assumer pleinement, donc consciemment, notre citoyenneté. À moins que dans les coulisses… des décideurs, on ne s'en tienne à un monologue et, auquel cas, les grands moyens mobilisés ne peuvent forcément aboutir à la fin escomptée. Politiquement rock, incolore autant qu'inodore, je vous propose, avec l'aimable complicité de mon ami Mohammed Hamdi, directeur artistique du Festival national du hawzi, des nuits tlemcéniennes où vous aurez tout le loisir de découvrir ou de redécouvrir, c'est selon, ces monuments pathétiques du patrimoine musical hawzi, je veux parler des poèmes de ces grands maîtres du genre que sont Saïd Al Mandassi, Ahmed Bentriqui ou Mohammed Benmsaïb. En me disant du vent ! parce que quelque peu dérangés par ma façon de voir apolitiquement les choses, certains esprits chagrins ne feront que me flatter. Car, selon Montaigne, il n'y a de sagesse que celle du vent : “Le vent s'aime à bruire, à s'agiter, et se contente en ses propres offices, sans désirer la stabilité, la solidité, qualités non siennes. C'est pourquoi il use les montagnes, qui ne l'usent pas.” A. M. [email protected]