Si l'Espagne est souvent flattée pour sa grande maîtrise collective et son jeu de passes, elle a aussi pu compter sur la chance pour arriver jusqu'en finale du Mondial-2010 contre les Pays-Bas, du moins à partir de son deuxième match dans le tournoi. Une chance aussi d'être allé aussi loin en jouant pratiquement à dix : Torres, titulaire quatre fois, est resté fantomatique en attaque. PHASE DE GROUPES Espagne-Suisse (0-1) : la Roja concentre tous ses déboires en un seul match. Elle tire 24 fois au but (dont une transversale de Xabi Alonso) sans trouver la faille de la Suisse qui marque un but sur l'un de ses trois tirs cadrés. Iniesta sort en boitant. Les médias espagnols s'insurgent contre le but suisse inscrit dans la confusion et, selon eux, entaché d'un hors-jeu et sur un penalty non sifflé pour une faute sur Silva. L'arbitre est l'Anglais Howard Webb, désigné pour la finale. Espagne-Honduras (2-0) : la chance tourne. Villa frappe sur la barre et rate un penalty, mais il réussit aussi un doublé. Et sur son deuxième but, sa frappe dans l'axe est déviée par un défenseur, ce qui trompe le gardien hondurien. L'Espagne bénéficie aussi de l'extraordinaire maladresse de ses adversaires : sur neuf tirs au but, aucun n'est cadré. Espagne-Chili (2-1) : la Roja ouvre la marque sur sa toute première occasion avec le concours du gardien chilien, Villa profitant d'un dégagement hasardeux au pied de Bravo en dehors de sa surface pour loger des 40 mètres le ballon dans la cage désertée. Sur l'action du second but, le Chilien Estrada est exclu pour deux cartons jaunes (37e). Un coup au moral pour les Sud-Américains qui facilite la tâche de la Roja, même si le Chili réduit le score. HUITIÈME DE FINALE Espagne-Portugal (1-0) : Villa a décidément un bon karma, à moins que les télévisions portugaises ne chipotent quand elles décèlent un hors-jeu de 24 centimètres de l'attaquant espagnol avant son but. Le meneur de jeu lusitanien Deco était forfait, et la Roja est tombée sur un Cristiano Ronaldo caricatural, au faîte de son égoïsme et très maladroit dans ses tirs. QUART DE FINALE Espagne-Paraguay (1-0) : un but de l'attaquant paraguayen Nelson Valdez est invalidé pour le hors-jeu d'un de ses coéquipiers faisant action de jeu, ce qui est discutable. Cardozo voit ensuite son penalty arrêté par Casillas. Heureusement pour la Roja, son gardien remplaçant Reina avait encaissé deux penalties de la part du même Cardozo en Europa League (Benfica-Liverpool en avril) et a ainsi pu indiquer à Casillas le côté préféré du Guarani. L'Espagne a aussi eu la faveur des poteaux : lorsque Pedro tire sur le montant gauche, Villa reprend le ballon qui rebondit sur les deux poteaux puis entre finalement dans la cage. DEMI-FINALE Espagne-Allemagne (1-0) : la grande chance de l'Espagne fut la suspension de Müller, auteur de quatre buts et quatre passes décisives, combinée à l'étonnante méforme de Podolski. Espagne : Pedro, les grandes premières du petit dernier Pedro a réussi sa première titularisation avec l'Espagne en demi-finale du Mondial-2010, et postule pour la première finale de Coupe du monde de la Roja : l'attaquant au physique de jeune premier est justement un collectionneur de grandes premières. Sélection : Mercredi à Durban, Pedro (22 ans) connaît sa 1re titularisation pour sa 7e sélection seulement, lors d'une demi-finale de Mondial, un cas exceptionnel. Espagnol le plus incisif avec Iniesta, il affole la défense allemande par sa vivacité, même s'il oublie aussi Torres, démarqué (84e), auquel il avait chipé la place. Sa titularisation ? “Cela a été une surprise, mais dès que (le sélectionneur Vicente Del Bosque) me l'a annoncée, je me suis concentré et mes coéquipiers m'ont aidé”, raconte le joueur. Le matin même, il avait été victime d'un vol à son hôtel (environ 1 000 euros). Sextuplé : Pedro est devenu le premier joueur à marquer dans six compétitions au cours d'une même année (2009), toutes remportées avec le FC Barcelone. Il a marqué au moins un but dans le Championnat, la Coupe et la Supercoupe d'Espagne, la Ligue des champions, la Supercoupe d'Europe et le Mondial des clubs. “Je suis ravi. C'était un objectif que j'avais en tête et que je veux dédier à mes partenaires”, avoue-t-il après son égalisation à la 89e minute contre Estudiantes La Plata en finale du Mondial des clubs (2-1 a.p.), le dernier trophée qui manquait au Barça. Saison : En 2009-2010, pour sa première saison en tant que professionnel, Pedro finit deuxième meilleur buteur de son équipe (23 buts toutes compétitions confondues), derrière l'astre Messi, et pousse Henry sur le banc. Il passe devant Bojan dans la hiérarchie des attaquants, avec lequel il forme parfois le trio des “Bajitos” (petits), associés à Messi. Premier surnom pour Pedrito (1,69 m) : “Don Pedro” pour ses buts dans six compétitions. Mais, première et dernière bouderie, il renâcle quand son petit nom “Pedrito” devient “Pedro” sur son maillot. Son entraîneur Josep Guardiola dit alors de lui : “S'il était brésilien, on l'appellerait Pedrinho et on n'aurait pas assez d'argent pour le recruter !” Clasico : Pedro dispute son premier clasico le 10 avril à Madrid. Et c'est lui qui marque le second but barcelonais au gardien du Real et de l'Espagne, Casillas (2-0). “Je ne savais même pas comment le célébrer”, lâche pantois Pedro Rodriguez Ledesma, surnommé “PR17” par opposition à “CR9”, Cristiano Ronaldo. Supporters : Plus que son fan-club “Komando Pedrito”, son principal supporteur n'est autre que l'idole néerlando-barcelonaise Johan Cruyff, qui a écrit jeudi dans sa chronique pour le quotidien El Periodico : “L'idée de Del Bosque d'aligner Pedrito démontre qu'il sait à la perfection ce que chaque joueur azulgrana peut offrir : possession du ballon, peu de perte de balle, profondeur, sacrifice sur tout le terrain et, surtout, pressing à la perte du ballon. Ce modèle, c'est Pedrito en entier”. Un compliment de première classe.