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Le professeur André Nouschi écrit à l'ambassadeur d'Algérie en France À propos de la note du MESRS concernant les communications des chercheurs algériens à l'étranger
“Vous savez sans doute l'intérêt que j'ai toujours porté à l'Algérie, mon pays natal et dont j'ai écrit l'histoire depuis les années 50 avant même que commence la guerre de votre indépendance. Vous savez aussi l'aide constante que j'ai pu apporter à ceux qui dirigeaient le FLN à Alger et à Tunis entre 1954 et 1962. J'ai eu la chance de rencontrer à Alger en 1981 Tewfiq al-Madani qui m'a avoué que mes travaux avaient été durant la guerre comme le verre d'eau qu'on vous offre dans le désert. C'est au nom de ces liens que je vous écris aujourd'hui à propos de l'article du journal El Watan du 22 juin dernier qui rapporte la note du ministre de l'Enseignement supérieur concernant les communications des chercheurs algériens à l'étranger. Cette note ne saurait être acceptée ni par les chercheurs algériens, encore moins par ceux de l'étranger. La politique n'a rien à voir avec la recherche ; c'est notre règle impérative. Jadis Hitler et Staline voulaient soumettre la recherche à la politique. Les historiens ont constaté alors que la recherche en Allemagne et en URSS en a souffert. Le silence ne convient pas à la recherche. Si vos chercheurs ne peuvent s'exprimer, sans avoir l'autorisation de leur gouvernement, alors personne ne les regardera comme sérieux et l'image de l'Algérie en souffrira. Jamais du temps de la colonisation française, les chercheurs français ou algériens n'ont été soumis à une quelconque censure préalable. Si la liberté a un sens, alors vous devez laisser les chercheurs algériens s'exprimer dans leur pays et hors de chez eux, en pleine liberté. Si vous vous en tenez à votre note, alors le combat des Algériens pour l'indépendance et la liberté n'a pas de sens, il n'en a plus pour les dirigeants actuels de l'Algérie, puisqu'ils soumettent la liberté de s'exprimer à un contrôle préalable.Tout le monde le regrettera ; et très vite, vous le regretterez. Croyez, Monsieur l'ambassadeur, à l'assurance de ma considération la plus désolée et la plus triste.” André Nouschi Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Nice