La commune de Hassi-Dellâa, région à plus forte concentration du ârch des H'razlya, distante d'environ 130 km au sud-est de Laghouat, relevant administrativement de la daïra de Hassi-R'Mel, a célébré, dernièrement, la wâada annuelle en l'honneur du saint cheikh Sidi Ahmed Ben Harzellah. Le rendez-vous a suscité, comme chaque année, un intérêt tout à fait particulier comme en témoigne l'afflux remarqué sur site. En effet, visiblement, le nombre des invités et participants dépasse deux mille personnes, totalement prises en charge par les donateurs et par la générosité et l'hospitalité propres aux gens du Sud. Depuis le début du XVIe siècle, chaque année à Hassi-Dellâa, une waâda est programmée après la moisson. Ce rite est caractérisé par la commémoration et la réactualisation d'une expérience sacralisée par les H'razlya. Sa vocation, nous confie un sexagénaire autochtone, est d'assurer à l'événement célébré la pérennité qui se traduit par la répétition. Cette occasion est consacrée à la récitation des versets du Coran et de la poésie. Près de 100 taleb se sont relayés pour psalmodier les versets, marqués de temps à autre par des pauses où de succulents plats de couscous garnis de viande leur sont servis ainsi que du thé à la menthe, agrémenté de gâteaux traditionnels. Le tout servi même aux passants. Aussi, différentes troupes folkloriques et la fantasia ont égayé la principale place publique de la commune où le rythme saccadé et envoûtant du bendir a plongé les danseurs, habillés pour la circonstance de gandoura, vers une sorte de transe avec le balancement du corps de l'avant vers l'arrière qui semble faire fusion avec le Divin. La wâada du saint cheikh Sidi Ahmed Ben Harzellah ponctue les événements cycliques, marque le cycle de la vie agricole, la moisson où l'union et l'entraide et la tolérance sont de mise chez les H'Razlya. Pour rappel, cheikh Sidi Ahmed Ben Harzellah, né à Tlemcen en 900 de l'Hégire, s'est installé à Demed, région située entre Hassi-Dellâa (Laghouat) et Messâad (Djelfa) et ce, après avoir appris le Coran et étudié les fondements de la religion (Ousoul eddine) dispensés par les maîtres Semati et Youcef El-Meliani. À Demed, il a fondé sa zaouia et construit la mosquée El-âatiq. Ses actions de bienfaisance, de règlement des conflits entre tribus antagonistes et sa grande culture religieuse et de tolérance lui ont valu d'être considéré père spirituel des autochtones h'razlya. Sur sa personne et son œuvre, un ouvrage intitulé Introduction à l'étude de la société h'razliya, de Mohemed Remilat, enfant de la région, correspondant à la radio régionale de Laghouat, est en cours d'édition par l'imprimerie Rouighi de Laghouat. “Il sera disponible dans les librairies à la mi-août prochaine”, nous confie l'auteur. Ainsi, l'ouvrage constitue désormais une valeur ajoutée au patrimoine culturel de la région.