Liberté : Quels sont les risques encourus si l'épidémie continue ? Pr Chachoua : Il faut tout d'abord savoir qu'il ne s'agit pas d'une maladie grave. Il n'y a donc aucun risque de mortalité. Certes, elle provoque une perturbation dans la vie quotidienne des gens, mais sans plus. Il ne faut pas perdre de vue le facteur économique, car la prise en charge d'un malade revient en moyenne à 400 dinars. Les médicaments prescrits donnent de bons résultats, mais l'hygiène demeure la meilleure arme contre toutes les maladies infectieuses. Il est impératif que tous les ministères concernés conjuguent leurs efforts pour assainir les villes et veiller au respect des normes d'urbanisation et d'hygiène. Pour la ceinture de sécurité, les autorités ont sévi financièrement, la même politique doit être appliquée en matière d'hygiène et les contrevenants sanctionnés par des procès. Il est intolérable que nos villes deviennent des dépotoirs à ciel ouvert. Où sont les autorités pour donner un visage propre à nos villes ? Vous ne cessez de parler d'hygiène, quel est son rôle ? L'hygiène représente 70% dans le traitement des maladies infectieuses qui ne peuvent se développer dans un environnement propre. Avec l'hygiène, on n'aurait pas eu toutes les épidémies (gale, peste, méningite, typhoïde…). La télévision doit en parler matin et soir car, même ceux qui habitent dans les bidonvilles, les gens disposent de postes et de paraboles. C'est un problème national, au même titre que le planning familial, les écoles et les mosquées ont un rôle important à jouer. Il y a eu une épidémie de conjonctivite, l'année dernière, dans un pays asiatique ; les malades n'ont pris aucun médicament et le fléau a été vaincu par l'hygiène. Nous avons vu, lors de l'épidémie du Sras, que des villes entières en Asie étaient lavées par des citoyens. Imaginons un moment que le Sras frappe en Algérie, ça aurait été une véritable catastrophe. En Algérie aussi, il faut nettoyer nos villes et faire de l'hygiène une affaire culturelle. Et en conclusion… Nous devons prendre un nouveau départ à partir d'aujourd'hui et agir, désormais, pour que la propreté devienne la priorité des priorités. L'Algérie est le seul pays de l'Afrique du nord où sont enregistrées autant d'épidémies. Cela doit cesser d'autant que nous avons les moyens de nettoyer nos villes. Dans l'immédiat, le plus important demeure l'éradication du mal avant la rentrée scolaire et c'est très important. S. I.