La liberté de la presse fait aujourd'hui brutalement irruption dans le processus de dialogue entre les autorités et le mouvement citoyen. Le harcèlement subi par plusieurs titres est très mal vécu par la société et par le mouvement des archs. Ces atteintes contre la presse sont considérées comme une preuve de la mauvaise foi du gouvernement. Les délégués en ont pris acte et affirment qu'“il ne saurait y avoir de dialogue alors que la presse est muselée”. Le conclave de la CADC, qui s'est déroulé, hier, dans la localité de Tizi Rached, a été largement consacré à ce que vivent les journaux quotidiennement — la suspension d'abord et les harcèlements judiciaires ensuite —, les délégués ont abordé ce point lors des débats à l'issue desquels une déclaration a été rédigée tandis qu'une délégation est attendue aujourd'hui devant le commissariat central d'Alger pour un sit-in de solidarité avec les six journalistes de Liberté, qui seront auditionnés par la police. Par ailleurs, cette réunion a été légèrement perturbée par la présence de délégués exclus de Tigzirt, rentrés, pour rappel, en contact avec Larbi Belkheïr, il y a une année de cela, et qui avaient tout tenté, hier, afin d'accéder à la plénière. Les débats ont donc un peu patiné, mais l'ordre du jour a fini par être adopté. Il contient plusieurs points, dont la nécessité de l'installation d'une commission de réflexion qui aura pour mission l'élaboration d'un document technique des modalités de la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, le soutien agissant envers la presse indépendante qui subit des harcèlements, la réaction suite à l'assassinat des 124 martyr du Printemps noir, etc. La coordination de la daïra de Tigzirt a fait une déclaration à l'occasion, avant que la CADC ne réagisse. Elle dénie le droit de parler en son nom à ceux qu'elle qualifie de délégués “taïwan”, exclus du mouvement citoyen et de la CCDT suite à leur entrevue avec le général Larbi Belkheïr au niveau de la présidence en violant ainsi le code d'honneur et les principes directeurs du mouvement citoyen. “Ces pseudo-délégués, en déficit de légitimité (ne représentant qu'eux-mêmes), rejetés complètement par toute la population, connus par tous comme relais du pouvoir maffieux et assassin, corrupteur et corrompu, toute honte bue, parlent au nom de la CCDT de laquelle ils sont exclus, dans certains canaux de communication acquis aux thèses du pouvoir, qui refusent des mises au point de la CCDT”, a déclaré la coordination de la daïra de Tigzirt. Tout le monde s'accorde à dire que cette seconde phase du mouvement citoyen, lorsqu'elle commencera, sera très difficile car, d'une part, lourde de responsabilités envers tout le peuple algérien et, d'autre part, le recours aux experts sera nécessaire pour l'accomplissement de la mise en œuvre. Il faudrait associer, lors d'une seconde étape, des experts pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, car c'est tout un projet de société qu'elle véhicule dont plusieurs volets économiques, juridiques, sociologiques, etc. À l'issue de la mise en œuvre, la Constitution ainsi que plusieurs lois devraient être modifiées et cela pourrait prendre plusieurs années. K. S. BELAID ABRIKA “Notre engagement est total” “Le pouvoir maffieux et assassin, après avoir obligé les journaux suspendus à payer une forte rançon afin de dépasser l'alibi de la commercialité, vient de récidiver en confirmant sa volonté à museler et à bâillonner les plumes de vérité qui tranchent et dénoncent les pratiques maffieuses d'un régime en pleine déliquescence. Le sinistre Zerhouni, ministre de la Répression et de la Criminalité, qui a ordonné à ses sbires, tel Tounsi, en collaboration avec les procureurs-serviteurs, explicite davantage, de jour en jour, la nécessité de porter un véritable changement à travers l'institution d'une véritable justice indépendante. Autrement dit, il s'agit, si c'était dans une République démocratique, d'ouvrir des enquêtes judiciaires sur tous les scandales déballés par ces journalistes et non pas de brandir la menace sur ces derniers. Notre soutien ne peut souffrir aucune ambiguïté et notre engagement est total au sein de la société civile pour ce changement radicale, juste et légitime. Le combat de la presse libre et indépendante est le nôtre.” K. S.