Fin à la grève des transporteurs d'essence organisée sur la libéralisation de leur secteur… Les travailleurs grecs restent mobilisés. Le pays est sous la coupe du FMI et pas seulement d'un point de vue financier… Le néocolonialisme de l'UE. Cette grève était en train d'assécher les pompes à essence du pays et perturbait l'approvisionnement sur les marchés, au point que le gouvernement commençait à réquisitionner les véhicules des grévistes et mobilisé l'armée pour fournir en carburant les aéroports, les hôpitaux et les centrales électriques. Le syndicat des chauffeurs routiers a repris le travail, mais il a mis en garde contre de nouvelles grèves si le gouvernement ne revenait pas sur sa violente politique libérale. Les émeutes à Athènes ont faibli, mais, apparemment, ce n'est qu'une trêve temporaire. Et puis, la mise du pays sous les fourches du FMI y a réveillé les extrémistes. L'UE a volé au secours de l'un de ses membres, non sans avoir traîné des jambes. Il a fallu négocier et renégocier pour convaincre les Allemands. Ces derniers ont mis leurs mains à la poche mais, en contrepartie, la chancelière a obtenu de ses pairs de Bruxelles leur consentement pour un pacte de stabilité budgétaire, c'est-à-dire un droit de regard de la Commission européenne sur les budgets de ses membres. De quoi allumer les souverainistes. Il est dorénavant fixé un seuil au déficit budgétaire et, en cas de dépassement, le pays sera mis en quarantaine. La Grèce est dans le rouge, comme l'Italie, le Portugal et l'Espagne. La France aussi est sous la menace. D'ailleurs, partout en Europe, le temps est aux cures d'amaigrissement, entendre par là aux coupes sombres dans le social et les services publics. La thérapie de choc que subissent les Grecs en donne la mesure. Les plans d'austérité sont, par ailleurs, concoctés par Bruxelles et le FMI, qui travaillent la main dans la main. Coupes et recoupes dans les budgets sociaux, peu importe leurs implications politiques. L'UE et le Fonds monétaire international ont joué aux pompiers en Grèce, dont les dirigeants socialistes ont accepté de, non seulement, réduire son énorme déficit public, mais d'adopter, d'ici juin 2010, pas moins de 17 mesures juridiques et budgétaires ! Athènes sous la coupe du FMI. Entre autres choses, le Conseil de l'UE a imposé aux Grecs la disparition des bonus de Pâques et des vacances d'été et de Noël des fonctionnaires et retraités ; des augmentations de taxes sur l'essence, le tabac et l'alcool, la réduction des frais de fonctionnement des administrations locales… Des mesures que le FMI a plutôt imposées jusqu'ici aux pays du Sud en banqueroute. Une fois que tout ça sera fait, la Grèce devra, d'ici septembre 2010, satisfaire neuf exigences supplémentaires, parmi lesquelles une réforme des retraites qui élève l'âge de la retraite à 65 ans, contre 61 ans actuellement. D'ici décembre 2010, la Grèce devra prendre encore 12 mesures, dont l'une implique l'utilisation des médicaments génériques dans le système de santé national. D'autres délais sont fixés à mars 2011, juin 2011 et septembre 2011. Si le gouvernement grec veut continuer de recevoir les liquidités qui lui sont indispensables pour fonctionner, il va devoir faire passer toutes ces lois. Une à une. Le parcours du combattant chez le FMI. Et les émeutes violentes n'ont rien pu y faire. Le Parlement a endossé toutes l'ordonnance du FMI. Et le gouvernement socialiste n'a rien trouvé de mieux que montrer du doigt le gouvernement de droite qui l'a précédé. C'est une règle chez les Hellènes que de se passer le pouvoir en alternance, comme un jeu de yoyo, entre socialiste et droite, et que chaque gouvernement défait l'œuvre de son prédécesseur. La Commission européenne a toujours exigé de ses Etats membres qu'ils lui cèdent une part de leur souveraineté. C'est chose faite. Aujourd'hui, la Grèce n'en a plus… La Grèce est sous contrôle. Des organisations appellent déjà leurs compatriotes à résister aux nouvelles forces d'occupation de l'UE et du FMI, de façons plus subtiles que les émeutes qu'a connues le pays, par exemple, en refusant de payer les taxes imposées par une autorité étrangère. Ce que subit la Grèce est également une mise en garde pour les Etats qui voudront entrer dans la zone euro, voire pour ceux qui comme l'Espagne, le Portugal et l'Italie ne faisaient pas grand cas des avertissements de Bruxelles : “Si vous ne respectez pas les règles de Bruxelles, vous risquez de tomber sous une occupation financière étrangère.” N'est-ce pas du néocolonialisme ? Il est bien réel pour le peuple grec.