Alger, une ville mystérieuse, une ville capricieuse. Toujours au cœur des débats, des convoitises. Qu'on y accède par mer, terre ou air, elle ensorcelle. Elle attire. Des auteurs ont écrit sur elle. Elle a été chantée. Elle a été peinte. Elle a été, et l'est toujours, une source d'inspiration pour les artistes. C'est ce que nous propose Zaphira Yacef – la fille du célèbre moudjahid et homme de la Révolution, Yacef Saâdi, connu pour son rôle dans la Bataille d'Alger –, architecte de formation, vivant entre Los Angeles et Alger. Artiste peintre confirmée, de par ses différentes expositions, ici et là-bas. Aujourd'hui, elle nous revient avec 59 tableaux pour parler d'Alger l'enchanteresse, mais avec les pinceaux et la couleur. Exposant depuis hier à l'hôtel El-Djazaïr (ex-Saint-Georges), un lieu mythique et légendaire, correspondant parfaitement à cette exposition, la rehaussant par son architecture et sa décoration, rappelant les intérieurs des palais des beys et autres deys, la plasticienne nous emmène au “Cœur d'Alger”. D'ailleurs tel est l'intitulé de son exposition. Plus qu'un travail d'artiste, c'est beaucoup plus celui d'un guide que nous propose l'artiste peintre. Car tel un guide, elle nous offre une balade dans Alger. Ce sont 59 haltes, dans une ville qui lui tient à cœur. Tel un fil d'Ariane, elles nous plongent directement dans une ville belle par son architecture. Belle par son contraste. Belle tout court ! Pourquoi dirions-nous ? “Ce n'est jamais la même chose, le même regard. Ce qui m'attire dans Alger, c'est son passé historique. Ça me fait penser à mon père”, a-t-elle expliqué. La ville est (re) visitée. Quartier par quartier. Coin par coin. C'est toujours ce même sentiment qui nous prend : la découverte, le regard neuf qui change. La particularité des tableaux exposés est qu'ils sont petits, ce ne sont pas des miniatures, mais plutôt une sorte de carte postale. “Avec ce format, c'est une rétrospective de moi-même. Je vis le moment point par point !” Des tableaux qui attirent par l'expression mais aussi par le coup de crayon. Des peintures sur Alger, il y en a eu, mais avec le travail de Zaphira Yacef, on est en face d'une peinture fine. Oui, tout est finesse et application. Le coup de crayon est fluide, tendre, pas du tout agressif. En un mot : une peinture non tourmentée. Le regard est tout de suite reposé. Attiré par les couleurs, que l'artiste a voulu les plus vraies, les plus authentiques. “Chacun a sa façon de poser les couleurs. La mienne consiste à aller vers la chose. Il faut voir, car ce n'est jamais la même chose”, a-t-elle expliqué. Cette précision dans le détail est tellement présente, qu'on a cette impression de voir une peinture en 3D. Une peinture qui nous interpelle, voire nous appelle. Chuchotant, plus que racontant, des bribes d'histoire de la ville de Beni Mazghenna. Attisant la curiosité. Une seule envie, se laisser perdre dans ses rues, se laisser emporter par le tourbillon de l'histoire, s'imprégner de son vécu, de son âme. Oui, Alger a une âme palpable, qu'on ressent. Une âme généreuse ! La plasticienne représente tout cela avec deux techniques : peinture à l'eau sur canson et acrylique sur canevas. La promenade au cœur d'Alger, c'est l'histoire qui refait surface. Des souvenirs qui reviennent tels des flashs ! Dédiée à son père parce qu'il est né et a combattu dans cette ville, cette exposition se veut aussi un témoignage, une reconnaissance à tous ceux qui aiment “El Bahdja El Mahroussa”. Aux de Zaphira Yacef, Alger “est la plus belle ville au monde !”