Un métro nommé désir, doit-on mettre au fronton des stations du futur métro d'Alger. Conjugué encore au futur, malgré l'achèvement des travaux, si l'on doit encore croire le ministre des Transports qui fait jouer les prolongations pour “des aspects de sécurité à résoudre avant sa mise en exploitation”. Les travaux sont achevés, mais le ministre ne donne aucune date précise pour la mise en route du métro. Pas de détails non plus sur ces “aspects sécuritaires”, ce qui plonge davantage le déjà extensible délai de mise en marche du métro attendu depuis le démarrage des travaux au milieu des années 1980. À l'arrêt pendant des années, faute de financement, le projet est relancé en 2005 avec le tracé et le trajet initial de 9,5 km pour la première ligne, alors que la seconde vient à peine de connaître un début de travaux. En guise de rattrapage du retard qui a transformé le métro d'Alger en illusion, les successifs ministres se sont attachés, à travers des visites d'inspection, à soutenir l'idée que le chantier avance et que l'ouvrage sera terminé et les rames seront opérationnelles… sans en fixer les délais. Au fil des années, les discours font avancer le projet sans faire aboutir le tunnel. Episodiquement, le sujet revient à la une, pour repousser l'ultimatum avec, à chaque fois, des arguments renouvelés. Des visites guidées sont organisées avec la presse dans l'antre inachevée qui ne verra, encore une fois, pas le bout du tunnel. Des promesses rassurantes alors que le temps a déjà fait son œuvre dans l'opinion publique qui ne croit plus. Tous les ministres qui sont passés par les Transports ont hérité du désormais virtuel métro d'Alger sans pouvoir lui donner véritablement forme. L'actuel ministre, Amar Tou, semble faire plus que les autres, lui qui est allé jusqu'à convier les Algérois à un tour initiatique dans le métro d'Alger via une maquette en attendant, dans un délai élastique, d'étrenner le vrai train souterrain. Ainsi à la bonne nouvelle du lancement de la seconde ligne Hay El-Bar-El Harrach, rien à l'horizon du vieux chantier qui semble s'éterniser. Comme une volonté d'ignorer le passif, cette incapacité à justifier l'immense retard accumulé depuis les années 1980. Paradoxalement, au moment où le nouveau programme quinquennal prend forme, ressortent comme des séquelles les lacunes, les retards et les bricolages des grands projets du précédent programme dont les délais de livraison sont déjà dépassés. Chaque responsable réinvente un nouveau calendrier de livraison, mais il n'est plus question de la fantaisiste date butoir de fin 2009 et fin 2010. S'il a fallu une vingtaine d'années pour achever l'aéroport international d'Alger, le métro a battu tous les records et les reports. Il en est de même pour les autres projets structurants qui connaissent des retards que ne pourraient justifier à elles seules les mauvaises conditions météorologiques, mais plutôt les études approximatives qui ont nécessité d'autres études plus approfondies, malgré l'optimisme et l'enthousiasme de certains ministres qui clament que les ouvrages seront livrés dans les délais. Si cela est valable pour l'autoroute Est-Ouest dont le tronçon de l'est est loin d'être achevé, il en est de même du tramway d'Alger qui est bien près de connaître le même sort puisque sa livraison est encore repoussée, au moment où l'on parle d'autres tramways dans d'autres wilayas. Et Amar Tou d'annoncer que les travaux de la deuxième ligne seront achevés en 2011 alors que la première ligne, selon lui, doit être mise à niveau au plan sécuritaire. Inspiration venue de l'incendie du tunnel du mont-Blanc. Qu'en est-il des tunnels de l'autoroute Est-Ouest ? Ils sont dotés de moyens modernes de lutte contre les incendies.