Résumé : Des affrontements font de nombreux blessés et endeuillent plusieurs villages. Sami n'est pas rentré chez lui depuis deux semaines. La vie s'est arrêtée pour Kahina. Un soir, on frappe très fort chez elle, elle hésite à ouvrir même si elle espère le retour de son fils… 22eme partie Trois nouveaux coups secouent la porte. Kahina ne sent plus son cœur battre. La peur ne l'avait pas encore gagnée même si elle se demandait toujours si elle devait ouvrir ou tourner une nouvelle fois la clef par mesure de sécurité, pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Il est évident que si c'était Sami, il y a longtemps qu'elle l'aurait su. Depuis le départ de son frère Aziz, contraint à retourner en Belgique, elle n'avait reçu aucune visite. Et pourquoi maintenant, à une heure aussi tardive de la nuit ? Mais qui est-ce ? Et si c'était un ami de Sami ? Kahina veut une réponse. Elle ne sera jamais tranquille. Surtout si le visiteur repartait sans qu'elle ait pu savoir ce qui l'avait amené. Kahina fait sauter le verrou et entrebâille la porte. Elle regrette de ne pas avoir remplacé la lampe grillée du perron. Elle aurait pu voir les traits du visiteur. Mais elle était certaine que ce n'était pas Sami. Dans la pénombre, la silhouette se dessinait. Kahina a un mouvement de recul même si elle n'a pas l'idée de refermer la porte. - Je vous en prie, Madame, ne me laissez pas dehors. L'homme s'était avancé et dans le pan de lumière qui s'échappait de vestibule, elle peut voir la peur sur son visage aux traits réguliers. Ses cheveux étaient en désordre. Ce qui la frappe le plus c'est sa chemise déchirée au niveau de la poitrine et surtout le fait qu'il était essoufflé, comme s'il avait longtemps couru. - Je vous en prie, laissez-moi entrer ! Il lui paraissait nerveux. Le regard de Kahina s'accroche au sac de sport vide qui pendait à son bras. D'où venait-il ? - Je vous en prie, lâche-t-il une nouvelle fois tout en regardant derrière lui, comme pour s'assurer qu'il n'était pas suivi. Vous êtes seule ? Pardonnez-moi, j'aurais dû deviner. L'homme s'apprête à se perdre de nouveau dans la nuit quand Kahina sans réfléchir davantage le retient. - C'est à moi de vous demander pardon ! lui dit-elle en l'attirant à l'intérieur de la maison. J'aurais dû comprendre. Dans la lumière crue, il lui paraissait plus pâle et plus jeune, même si elle devinait qu'il avait entamé la trentaine depuis longtemps. Elle remarque quelques égratignures au cou et aux avant-bras. S'était-il bagarré ? Mais qui fuyait-il vraiment ? - Je suis désolé, murmure-t-il. Je n'avais pas où aller. Il essuie la sueur de son front du revers de la main. Sa lèvre inférieure tremblait. Kahina se demandait pourquoi il était aussi agité. Aussi, c'est pour le rassurer qu'elle lui propose de passer à la salle de bain pour s'y rafraîchir. - Vous vous sentirez mieux après, lui dit-elle en sortant une serviette propre du placard. - Merci. L'homme, dont elle ignorait encore le prénom, regarde avec inquiétude la porte d'entrée quand le bruit d'un moteur de voiture s'arrête tout près. Kahina le voit serrer les poings pour que ses doigts ne tremblent pas mais il ne pouvait pas contrôler sa lèvre inférieure. Au bruit des portières qui claquent, elle a l'impression qu'il va s'évanouir. à suivre A. K.