Avocat du FLN pendant la guerre de libération nationale et premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante, Me Amar Bentoumi, a appelé, hier, à faire du 20 août une journée de solidarité entre les deux peuples algérien et marocain. “Le peuple marocain doit savoir que le sang des chouhada des évènements du 20 Août 55 dans le constantinois est pour beaucoup dans son indépendance. Car, juste après ce soulèvement, la France avait engagé des négociations avec les dirigeants marocains. entre autres objectifs politiques que Zighoud Youcef avait assigné à son action, la solidarité avec le peuple marocain qui, le même jour, comptait organiser des manifestations pour protester contre la déposition du roi Mohammed V survenue le 20 août 53”, a-t-il affirmé lors d'une conférence sur la journée du Moudjahid organisée, hier, au siège du journal El Moudjahid par l'association Machaâl echahid. De son point de vue, les évènements du 20 Août avaient été la première action militaire et politique d'envergure après le 1er novembre 1954. Pour ce qui est du Congrès de la Soummam, il assure que c'est l'organisation à laquelle il avait donné cours qui a permis à l'Algérie d'obtenir son indépendance. Pour lui, les deux grands principes de la plateforme de la Soummam sont logiques. “Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que le politique prime sur le militaire et l'intérieur sur l'extérieur”, lance-t-il. Et de lancer une pique à Ahmed Ben Bella qui s'est toujours opposé aux résolutions du congrès de la Soummam. “Ben Bella avait proposé de tenir le congrès aux frontières franco-italiennes. Comme ça, tous les dirigeants de la révolution seront définitivement arrêtés”, rappelle-t-il non sans sarcasme. Pour sa part, Abdelhafidh Amokrane, ancien ministre des affaires religieuses, a soutenu que les évènements du 20 août 55 ont démontré que la révolution n'était pas le fait d'une élite mais de toutes les couches populaires. Ayant pris part à l'organisation du congrès de la Soummam, M. Amokrane n'a pas tari d'éloges sur ce grandiose événement. “C'est la première dans l'histoire des révolutions qu'une réunion d'une telle importance se tienne à l'intérieur et en pleine guerre”, s'énorgeueille-t-il. Et d'ajouter avec une pointe de fierté : “Avec tous ses moyens de renseignements, la France n'avait pas pu avoir la moindre information sur le déclenchement du 1er novembre et la tenue du Congrès de la Soummam.” Présent à la rencontre, Brahim Chibout, ancien ministre des moudjahiddine, a, pour sa part, insisté sur les qualités du grand dirigeant qu'était Zighoud Youcef.