Renouveau de l'économie agricole, dites-vous ? Une année et demie après la décision du chef de l'Etat d'effacer la totalité de la dette des agriculteurs et des éleveurs, une catégorie d'investisseurs privés dans l'économie agraire, les oléifacteurs, en a été exclue. Sans l'investissement dans les huileries, modernes ou traditionnelles, pour triturer les olives, les Algériens ne peuvent avoir dans leur assiette cette huile d'olive. S'ils n'avaient pas été exclus du dispositif, l'huile d'olive n'aurait sans doute pas connu une hausse généralisée et continue des prix. Les mauvaises récoltes successives, dans la wilaya de Béjaïa, qui détient 50% du parc oléicole national, sont aussi à l'origine de cette inflation. Plus encore, la filière oléicole n'aurait plus aucun avenir. Les autorités politiques semblent avoir pris conscience de cette réalité. C'est la raison pour laquelle le premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika, avait énoncé dans son discours, prononcé le 28 février 2009 à Biskra, un certain nombre de mesures, comme le rappellent le président de l'Union de la wilaya de Béjaïa de l'UNPA, Arezki Issekunène, et Hadj Alioui de l'Union nationale des paysans algériens : “La production d'huile d'olive accédera à un soutien particulier qui sera étendu à l'acquisition de matériels destinés à la réalisation d'huileries ainsi que des capacités de stockage et de conditionnement de la production.” Mais, sur la liste des agriculteurs et éleveurs devant être dispensés des remboursements au niveau des agences Badr, point de trace des oléifacteurs alors que l'UNPA n'avait pas omis de les inscrire pour bénéficier des dispositions, a affirmé un groupe d'oléifacteurs de la wilaya de Béjaïa. La banque, après avoir accordé une année et demie de répit à ces derniers, est revenue à la charge “de manière brutale”. Et pour cause ! Les oléifacteurs ont cessé les remboursements des prêts contactés car ils croient fermement à l'engagement présidentiel. Mais la Badr, en l'absence d'un document officiel, a engagé des poursuites judiciaires à leur encontre, a-t-on expliqué. Maintenant, des huissiers frappent à leurs portes. Et une réelle menace pèse sur leurs équipements, d'autant que le cumul des traites, des intérêts et des pénalités de retard est plus élevé que le capital de départ, a-t-on affirmé. On apprend aussi que sur les 41 milliards de DA, mobilisés par l'Etat pour cette opération, plus de 36 ont été consommés. Les 5 milliards restants ne seraient pas destinés à la filière oléicole ? Si l'oléiculture est exclue du dispositif, il sera difficile de faire croire aux agriculteurs des wilayas de Béjaïa, Tizi Ouzou et, à un degré moindre, Bouira qu'ils ne sont pas marginalisés. Alors qu'avec cet effacement de la dette, le but des pouvoirs publics était d'encourager le monde agricole à fournir l'effort intense attendu de lui pour moderniser l'activité et augmenter ses diverses productions.