Trente-deux finalistes, accompagnés par 24 musiciens professionnels en provenance de toute l'Algérie, se produiront, du 25 au 31 août, sur la scène du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, dans le cadre de la cinquième édition du Festival national de la chanson chaâbie. Durant la conférence de presse, organisée avant-hier après-midi à la salle Moughari-Boukhari de l'Institut national supérieur de musique (INSM), Abdelkader Bendameche, commissaire du festival, a déclaré que 223 jeunes chanteurs ont pris part aux présélections, tenues dans plusieurs villes du pays, notamment à Chlef (une première). Chaque soir, cinq à six candidats seront notés par le jury sur leur capacité à mémoriser et à dire leur texte, mais également sur leur manière de jouer d'un instrument, sur la présence scénique et l'effort vestimentaire. M. Bendameche a affirmé : “Nous mettons l'accent, cette année, sur la formation”, et les participants qui prendront part aux journées pédagogiques auront quelques points en plus. Ces rencontres pédagogiques ou master-class, qui auront lieu à la salle Moughari-Boukhari, quotidiennement entre 12h et 14h, seront animées par des spécialistes et autres chercheurs dans le domaine du chaâbi, et porteront, entre autres, sur “La Méthodologie du travail musical”, “La poésie melhoun, étude des rimes”, “La mesure dans la chanson chaâbie” ou encore “Approche historique de la chanson chaâbie”. “Le niveau des journées pédagogiques est élémentaire, même s'il y a des participants de niveau universitaire”, a expliqué le commissaire. Car, selon lui, les jeunes n'ont pas toujours de bases dans le chaâbi. Et la responsabilité est collective. Il a d'ailleurs rappelé la confrontation, dans notre pays, entre la poésie populaire et l'arabe classique. La deuxième grande nouveauté de ce festival, qui rendra hommage à trois maîtres du genre : cheikh H'Cicène, El Hadj Boudjemaâ El Ankis et Maâzouz Bouaâdjadj, est la séance de rattrapage qui sera organisée au lendemain de la prestation au TNA, à la faveur d'un concert public au théâtre en plein air Fadéla-Dziria (INSM). En plus de la compétition, des artistes chevronnés dispenseront des récitals, notamment Mustapha Bellahcène, Hocine Driss, Abdelkader Chaou, Youcef Toutah et Abdeslam Derouache. La dernière soirée sera marquée par les hommages et comprendra également la projection d'un documentaire de six minutes sur le parcours de cheikh H'Cicène. En outre, Abdelkader Bendameche a annoncé : “Nous sommes arrivés au terme de l'état des lieux. La sixième édition sera de son temps.” En effet, après avoir posé les jalons de cette musique et réhabilité ce genre ancestral, l'ambition est d'inscrire le chaâbi dans le temps, dans le contexte du moment. Plus qu'une musique, la chaâbi est un art de vivre, même si les paramètres d'autrefois ont tous disparu : l'ambiance, le milieu artistique, le savoir-faire musical et le savoir-vivre. Pourtant, le festival ambitionne de s'inscrire pleinement dans la modernité. Pour M. Bendameche, “le moderne, c'est poser la réalité du moment”, et beaucoup ont réussi ce pari de la modernité, à l'exemple de Mahboub Bati, que le festival honorera dans sa sixième édition, ou encore Kamel Messaoudi qui a apporté un souffle nouveau en démarrant de sa propre réalité. En somme, la modernité ne signifie pas inventer des concepts douteux, mais plutôt proposer un produit honnête et personnel qui peint une version de la réalité, tout en ouvrant des perspectives pour l'avenir. Un concept à méditer certes, d'autant que la sixième édition aura lieu dans moins d'une année.