La fête de l'automne fait partie du patrimoine culturel millénaire des Aurès. Mais il faut reconnaître la contribution du mouvement culturel associatif à maintenir en vie ces traditions. La fête séculaire a eu lieu en dépit d'un contexte difficile. Une fin de mois caniculaire, plusieurs commerces et des plus fréquentés (cafés et restaurants) fermés, Ramadhan oblige, mais surtout une atmosphère de deuil, bien installée à T'kout. La mort, qui continue à frapper chez les tailleurs de pierres, entache, trouble et inhibe la traditionnelle joie de la fête de l'automne, même si quelque peu le cœur n'y est pas. C'est tôt le matin que des voitures, surtout des véhicules utilitaires, traversent le village pour se diriger vers la place du marché qui leur est réservée, et ce depuis toujours. Beaucoup de vendeurs ambulants viennent des villages et villes limitrophes (Arris, Imsounine, Ghouffi, Jemoura, Ichemoul), d'autres du chef-lieu de wilaya (Batna), mais aussi des grandes villes, Sétif, Biskra et Bordj Bou-Arréridj. La fête de l'automne fait partie du patrimoine culturel millénaire dont jouit l'Aurès ; cependant, il faut reconnaître au mouvement culturel associatif sa grande contribution à maintenir en vie ces pratiques et traditions qui, à un moment donné, avaient frôlé une mort certaine. Durant les années 1980, à travers les Aurès, et surtout dans les zones rurales les plus reculées, des étudiants, adhérents du mouvement culturel amazigh ou de la Ligue aurésienne, se sont attelés à dépoussiérer et remettre au goût du jour des us et coutumes plurimillénaires. La fête de la pomme à Arris, Besegrou, dans la région d'Aïn Fakroun (wilaya d'Oum El-Bouaghi), Yennar, à travers tout l'Aurès et, présentement, Thamghra n'tmenzouth (la fête de l'automne) à T'kout. La fête coïncide avec la fin de l'été et le début de l'automne, selon le calendrier berbère, qui n'est qu'un agenda agricole, la nature et les saisons sont pris comme repères chronologiques. Tout au long de l'Oued Ighzr Amelal (Oued Labiod) et Oued Abdi, les fruits de saison mûrissent en cette fin de mois. Les fellahs, qui ne sont pas de grands propriétaires terriens, proposent leurs récoltes contre d'autres moissons et cueillettes ; c'est la genèse de la fête de l'automne, aucune vente, aucun achat, que du troc. Pommes (adhafou) d'Inoughissen, poires (thafireste) de Bouzina et pêches de Menaâ. Bien sûr, d'autres fruits, légumes et céréales seront au rendez-vous, mais le fruit sucré, chez les Chaouis, est un signe de bonne saison et de bienvenue pour les commerçants qui viennent de loin. La pratique (troc) est en nette baisse, même si elle est maintenue par certains fellahs, qui espèrent d'ailleurs redonner vie aux échanges, qu'ils considèrent plus bénéfiques et sains. Le marché de la petite ville de T'kout connaît une grande affluence, surtout le matin, avant le grand soleil de midi qui oblige les commerçants et leurs bardots à se mettre à l'ombre. Fruits, légumes, céréales et épices ne sont plus les seules marchandises des commerçants ambulants, venus des quatre coins de la wilaya et des villes limitrophes ; d'autres aussi proposent ustensiles de cuisine, climatiseurs, électroménagers, produits de beauté… L'automne reste la fête aussi, la quincaillerie fait son apparition, et depuis quelques années déjà, il faut faire avec.