Après la raclée électorale de la droite française aux régionales, Dominique de Villepin, l'ennemi intime du locataire de l'Elysée, annonce la création de son parti. L'étau se ressert autour de Nicolas Sarkozy, et 2012, c'est déjà aujourd'hui. Deux départs, trois arrivées et une mutation. Ce n'est pas le titre d'un film, mais le résultat du remaniement gouvernemental opéré par Nicolas Sarkozy, suite à la débâcle électorale enregistrée par l'UMP et ses alliés au dernier scrutin régional, sanctionné par l'hégémonie du Parti socialiste et la résurrection du Front national. Aucun des nombreux ministres engagés dans cette élection n'a pu remporter le scrutin, mais le ministre du Travail Xavier Darcos, pourtant réputé proche de Nicolas Sarkozy et considéré comme premier ministrable, est le seul à avoir été débarqué. Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et haut-commissaire à la Jeunesse, est la deuxième personnalité à quitter le gouvernement. Mais ce dernier a lui-même demandé à reprendre sa liberté dès le mois de décembre dernier. Eric Woerth, titulaire du portefeuille du Budget, remplace Darcos au Travail et aura la lourde tâche de gérer la réforme des retraites. Enfin, trois nouveaux ministres font leur apparition dans le nouveau gouvernement : un chiraquien pur sucre, un villepiniste à toute épreuve et un centriste de l'UMP. François Baroin, plusieurs fois ministre sous Chirac et resté fidèle à son mentor, bien qu'ayant à maintes reprises critiqué la politique de Sarkozy, s'est vu proposer et a accepté de remplacer Woerth au Budget. Georges Tron, qui n'a eu de cesse de prendre fait et cause pour l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin contre le président Sarkozy dans leurs démêlés dans l'affaire Clearstream, est nommé secrétaire d'Etat à la Fonction publique. Marc-Philippe Daubresse, centriste de l'UMP, est nommé à la Jeunesse. Le moins qui puisse être dit sur les trois arrivants est qu'ils ne débordent pas de sympathie pour Sarkozy. C'est pourquoi, contrairement à ce que prétend l'Elysée, le remaniement n'est pas technique mais éminemment politique. Après une ouverture à gauche franchement décriée par les cadres de l'UMP, le locataire de l'Elysée opère une autre ouverture à droite en direction des sensibilités de son propre camp, qu'il a lui-même marginalisées. Cette soudaine volonté de Nicolas Sarkozy de rassembler sa famille politique s'inscrit dans une seule perspective et dans une seule logique, celle de l'élection présidentielle de 2012. À deux ans de la présidentielle et après trois ans passés à l'Elysée, l'avenir ne se présente guère sous les meilleurs auspices. Un vent de protestation traverse les rangs de son parti. Sa cote de popularité s'enfonce dans les abysses, très loin derrière celle de son Premier ministre François Fillon, cas de figure inédit depuis l'avènement de la Ve République. Un sondage réalisé entre les deux tours des élections régionales révèle que 58% des Français ne souhaitent pas le voir candidat à sa succession, contre 33% seulement d'avis favorables. Un autre sondage donne Dominique de Villepin comme la personnalité préférée pour porter les couleurs de la droite républicaine en 2012. L'ancien Premier ministre et non moins ennemi intime du Président est crédité de 16% d'opinions favorables, contre 14% pour Nicolas Sarkozy et 13% pour François Fillon. Et il se trouve, justement, que Dominique de Villepin ne fait pas mystère de sa volonté de briguer l'Elysée, au besoin contre lui. Demain, il annoncera la création d'un nouveau parti politique, qui tiendra ses assises en juin. Si le nom de la nouvelle formation n'est pas encore révélé, on sait par contre qu'elle sera inscrite dans le cadre de l'UMP. Comme on sait que Dominique de Villepin a encouragé son ami George Tron à intégrer le gouvernement. Cela signifie une chose : l'ancien Premier ministre tentera de se présenter comme le candidat idoine de l'ensemble de la droite parlementaire au détriment de son ennemi intime. Et ce n'est pas perdu d'avance.