Les Français sont restés sourds au tour de vis imprimé par leur président à sa politique sécuritaire vis-à-vis des immigrés et des Français d'origine étrangère. Les carottes semblent déjà cuites pour l'actuel locataire de l'Elysée. En effet, d'après une enquête menée par l'institut de sondage Viavoice, qui doit paraître aujourd'hui dans le quotidien Libération, 55% des Français souhaitent une victoire de la Gauche à la prochaine présidentielle dont le premier tour doit avoir lieu en principe au mois d'avril 2012. Et pour ne point arranger les affaires de Nicolas Sarkozy, le sondage annonce une baisse de sa cote de popularité. Seuls 34% des sondés lui accordent une opinion favorable tandis que 63% lui ont manifesté leur mécontentement. Une contre-performance qui lui fait atteindre son plus mauvais score depuis son élection à l'Elysée au mois de mai 2007. Les Français sont restés sourds au tour de vis imprimé par leur président à sa politique sécuritaire vis-à-vis des immigrés et des Français d'origine étrangère. Lors d'un discours prononcé le 30 juillet dernier à Grenoble, le président de la République française avait souhaité que la nationalité française puisse «être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme, ou de tout autre dépositaire de l'autorité publique». Renforcé par un sondage «manipulé» réalisé par l'Ifop pour le quotidien Le Figaro proche des idées de droite, qui plébiscitait à 80% son projet, Nicolas Sarkozy s'est mis, par ailleurs, à renvoyer à tour de bras les populations Roms dans leur pays d'origine (La Roumanie, Ndlr). Des chiffres et des mesures qui allaient très vite être démentis par d'autres sondages. A commencer par celui réalisé par CSA, il y a à peine une dizaine de jours, pour l'hebdomadaire Marianne, où près de 70% des Français ont jugé la politique sécuritaire menée depuis ces huit dernières années par Nicolas Sarkozy, inefficace. 75% des sondés ont déclaré que «les Français d'origine étrangère sont des Français à part entière». Une «claque» pour le chef de l'Etat français, avait estimé dans ses commentaires, le média de la presse écrite de l'Hexagone. Le sondage qui doit être rendu public aujourd'hui donne l'impression de lui asséner le coup de grâce. S'il le met en mauvaise posture, il le donne de surcroît battu face à trois personnalités du Parti socialiste. Dominique Strauss-Kahn, actuellement directeur général du Fonds monétaire international est plébiscité à 44% pour être le prochain président de la République. Martine Aubry, la première secrétaire du Parti socialiste, arrive en seconde position avec 31% des intentions de vote tandis que sa rivale malheureuse de 2007, Ségolène Royal qui totalise 25%, le devancerait d'un tout petit point. Nicolas Sarkozy s'adjuge la quatrième place avec 24%. Même s'il est vrai que le chemin est encore long, il faut toutefois reconnaître que l'avance de vingt points que possède sur lui le candidat potentiel de la gauche donne l'impression d'être insurmontable. Dominique Strauss-Kahn est incontestablement le chouchou des Français. L'actuel locataire de l'Elysée a moins de vingt mois devant lui pour tenter de redresser la barre. Les préoccupations des Français sont ailleurs: préservation de l'emploi, régime des retraites, croissance...Pourra-t-il y répondre? La rentrée s'annonce des plus difficiles pour le président de la République. «Nicolas Sarkozy a échoué sur la sécurité, il a échoué sur l'économie, il veut sortir de la tourmente de l'affaire Woerth-Bettencourt», a fait implacablement constater le député socialiste Manuel Valls, qui s'exprimait dans les colonnes du Journal du Dimanche. A quelques jours de la publication du rapport de l'ONU qui avait épinglé la France en matière de discrimination raciale, Nicolas Sarkozy mettra-t-il de l'eau dans son vin? «Le récent discours du président français relativement au retrait de la nationalité française dans certains cas est non seulement discriminant contre les Français d'origine étrangère mais il constitue également une incitation à la haine», avait estimé un des membres du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU qui a examiné, les 11 et 12 août à Genève, le rapport présenté par la France. Un coup de tonnerre dans le ciel parisien!