L'œuf n'est plus ce qu'il était. Jusqu'à l'avènement du “poulet électrique”, l'œuf était une marchandise assez précieuse. Sur les marchés, il se négociait au taux du prix d'un pain du commerce. Symbole de fécondité et de prospérité, aliment de qualité, il était réservé aux malades, aux femmes en couches et à certaines pratiques folkloriques et rituelles, voire magiques. Les représentations symboliques de l'œuf dans l'imaginaire populaire tendent à s'amenuiser sous le coup de l'acculturation. Certains diront aussi que la profusion y est pour quelque chose. Si commercialement, le terme œuf désigne exclusivement celui de la poule, le consommateur algérien est souvent floué, il a l'impression, qu'au rapport qualité-prix, ce sont des œufs de “pigeons” qu'il acquiert dans les alvéoles cartonnées. On peut toujours rêver à nos ancêtres qui ont goûté occasionnellement aux œufs d'autruches du temps où les ouled el djadj n'étaient pas encore un élément indispensable de la cuisine, mais tout simplement un aliment de luxe. Il est devenu si commun cet œuf avec le “frite omelette”, la mayonnaise, les pâtisseries, etc. Vite accommodé, c'est le repas pris sur le pouce par ceux qui n'ont pas le ou les moyens. Aliment de valeur, sa consommation a été décriée par les tenants d'une diététique stricte pour cause de “cholestérol”. Il n'en est rien, si l'on en croit les dernières publications scientifiques. Introduire raisonnablement des œufs dans son régime alimentaire serait plutôt à conseiller… Momo