Une très belle soirée de musique chaâbi a été animée, vendredi dernier, sur la place publique d'Azazga (Tizi Ouzou) par un des maîtres de la chanson kabyle chaâbi, à savoir cheikh Lounès Kheloui, dans le cadre des activités culturelles du mois sacré de Ramadhan. Prise d'assaut quelques dizaines de minutes seulement après la rupture du jeûne par le public des grands jours, notamment des familles, des jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, la placette devant le siège de l'APC d'Azazga, organisatrice de la soirée en collaboration avec la boîte de production Cool-Music, s'est avérée exiguë pour tout ce beau monde en fête. La première partie du gala a été animée par Saïd Yuman, un jeune chanteur de la région qui compte déjà à son actif deux albums actuellement sur le marché. En ouvrant ce gala, Saïd Yuman interpréta des chansons folkloriques qu'il a lui-même composées avant de passer à certains célèbres titres d'artistes kabyles bien connus sur la scène artistique nationale. Ce n'est que vers 23 heures que cheikh Kheloui fit son entrée sur scène sous les applaudissements nourris du public, déjà impatient de le voir . Sur scène, le cheikh, accompagné au banjo par son brillant bras droit Mouloud Naït Ali, entame sa fameuse chanson T'xilem f'kiyid ad swegh (STP, donne-moi à boire), au rythme valsant, avec la touche spéciale du maître et sa voix fort intense. L'artiste subjuguera d'emblée l'assistance qui l'écoute religieusement en synchronisant les applaudissements au rythme de la musique. Sans rupture complète avec la précédente musique, le maître enchaîne directement sur le fameux et nostalgique Zrigh udmim a thecthiqeh (ton visage me manquera). Cette célèbre chanson au rythme goubahi, qui renferme une symbolique, empreinte d'une intense mélancolie, admirablement mariée à son air musical, raconte l'amère réalité d'une séparation d'un être cher. Juste après, la cadence du heddi augmente pour bien s'adapter aux besoins qu'impose le rythme d'El firaq bezzaf yuwaâr (difficile de se séparer), une autre chanson bien appréciée dans le riche répertoire de cheikh Kheloui, qui renferme près d'une vingtaine de CD dans lesquels sont compilées ses innombrables compositions. Au terme du gala, l'idole de cette soirée aura eu du mal à se départir de ses fans et de la foule le sollicitant qui pour une photo souvenir, qui pour un autographe, qui pour une poignée de main avec l'enfant prodige des Ihesnaouène.