La dernière soirée a été consacrée aux hommages à trois cheikhs du chaâbi. Elle a également été marquée par l'annonce des douze lauréats, parmi 32 finalistes, et pour la première fois depuis la création du festival, Alger n'a pas conservé le premier prix, puisque c'est Mourad Zidiri de Béjaïa qui l'a décroché. La grande salle Mustapha-Kateb du théâtre national Mahieddine-Bachtarzi a affiché complet, lors de la dernière soirée du Festival national de la chanson chaâbi. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, le ministre de la Communication, Nacer Mehel, bon nombre d'artistes ainsi que les mélomanes et autres amoureux de ce genre musical ancestral se sont donné rendez-vous pour assister à l'hommage de trois maîtres de cette musique qui ont, chacun à sa manière, révolutionné le genre et apporté un nouveau souffle. Le festival a d'abord rendu hommage à cheikh H'cicène, qui est tombé dans l'oubli ces dernières années. Pourtant, ses chansons, particulièrement Tir el-qafs, sont très populaires. Après la projection d'un documentaire de six minutes sur le parcours de cheikh H'cicène, Ahcène Naït Zaïm, ancien finaliste du festival, a repris trois titres de celui-ci, notamment Tir el-qafs et Esteghfer ou khzou chitane. Hakim El-Ankis, qui a été choisi par son père, le grand cheïkh Boudjemâa El-Ankis, pour lui rendre un hommage en musique, a opté pour du mdih. Rachid Guetafa, un autre candidat des précédentes éditions du festival, a chanté du Maâzouz Bouadjedj, en interprétant la sublime Ya qari fi mnafêk la testahzache. La veuve de cheikh H'cicène, émue aux larmes, et les deux maîtres ont rejoint la scène pour une photo de famille avec la ministre de la Culture, qui n'a pas voulu que cheikh El-Hadj Boudjemâa El-Ankis rejoigne sa place sans fredonner quelques airs de Rah el-ghali rah. Et l'a capella s'est transformé en un duo entre la ministre et El-Ankis. Les musiciens dirigés par Djamel Et-Taâlibi n'ont pu faire autrement que se joindre à ce duo inattendu. La salle a réclamé à Maâzouz Bouadjedj de faire de même et de chanter un petit extrait de ses standards. Les lauréats ont ensuite été dévoilés au public. Pour la première fois depuis la création du festival, c'est un artiste de Béjaïa qui a remporté le premier prix. D'habitude, ce sont les Algérois qui raflent le grand prix. Ce sacre est une preuve que le chaâbi n'est pas spécifique à la capitale et que son influence a dépassé les limites d'El-Mahroussa et ses environs. Seconde preuve d'ouverture : le deuxième prix a été attribué à la sublime voix Imene Sahir (Blida) qui a excellé dans son interprétation — qui a été plus andalous que chaâbi — de Ya taleb, un poème écrit par Mohamed Ben Sahla, et chanté entre autres par cheikh El-Hachemi Guerrouabi et Farid Oujdi. Par ailleurs, organisé du 25 au 31 août dernier, le Festival national de la chanson chaâbi a réussi son pari de servir de tremplin pour des jeunes talents qui ne manquent pas de potentiel mais qui n'ont pas toujours trouvé une tribune d'expression. Après avoir consacré les cinq premières éditions aux maîtres du chaâbi de la première et la deuxième génération, notamment El-Hadj M'hamed El-Anka, cheikh El-Hachemi Guerrouabi, Mohamed El-Badji, El-Hadj M'rizek, Amar El-Achab, H'cène Saïd, le festival s'ouvrira sur les expériences dans années 1970/80 dans le domaine du chaâbi, en rendant hommage, lors de la sixième édition, à Mahboub Bati qui a réussi à révolutionner cette musique en créant des standards immortels, entre autres el-Bareh et Rah el-Ghali rah. Palmarès 12. Prix d'encouragement : Sid-Ahmed Derradji (Alger) 11. Mohamed Ben Mokadem (Tipasa) 10. Prix Cheikh H'cicène : Mokhtar Meziane (Alger) 9. Prix Cheikh Maâzouz Bouadjedj : Nadjib Bounour (Blida) 8. Prix Cheikh El-Hadj Boudjemaâ El-Ankis : Djamel Sahouadj (Chlef) 7. Prix de la meilleure interprétation féminine : Sabriya Boudjella (Mostaganem) 6. Prix spécial du jury : Mohamed Sadoudi (Jijel) 5. Sofiane Khoulali (Souk-Ahras) 4. Zahran El-Mahdi Boudraf (Mostaganem) 3. Mouloud Fetihani (Alger) 2. Imene Sahir (Blida) 1. Mourad Zidiri (Béjaïa)