La ruelle Masjid El Aqsa, dans le quartier St-Pierre, n'est pas très fréquentée. Coincée entre la rue de Mostaganem et la place Hoche, au cœur du centre de la ville d' Oran, certains véhicules l'empruntaient pour éviter les bouchons des grandes artères, mais depuis plusieurs mois, son accès est devenue impossible du fait d'un campement de fortune devenu le refuge d'une douzaine de familles. En effet, ces familles expulsées du bâtiment et des logements, qu'elles occupaient depuis plus de 25 ans, vivent depuis à la rue entourées de quelques affaires et ustensiles qu'elles ont pu garder. Les abris, adossés les uns aux autres, sont fait de bric et de broc, de toile de plastique, de contre-plaqué et de vieilles couvertures, le tout planté sur quelques mètres carrés de bitume où sont donc installés femmes, enfants et vieillards. “Depuis trois mois, nous sommes à la rue… nous avons tapé à toutes les portes et rien n'est venu nous sortir de là. À la daïra, on nous a dit de déposer un dossier pour avoir un logement… Mais entrez ! Le f'tour est en train d'être préparé…” C'est en ces termes que nous avons été accueillis par un des pères de famille qui ne cache pas son désespoir et son impuissance à assurer autre chose que la rue à ses jeunes enfants. Dans son abri, à peine plus large qu'un trottoir, les biens de la famille, baluchons, sacs et bassines, sont entassés dans un coin, une banquette avec un matelas est le seul luxe. Juste à côté, un réchaud branché sur une bouteille de gaz butane où la mère prépare les repas depuis le début du Ramadan. La charité de quelques voisins permet aux enfants d'aller se laver et de faire leurs besoins… D'autres expulsés se sont résolus à envoyer momentanément leurs enfants chez des proches qui habitent à proximité mais cela ne peut être que temporaire, la rentrée des classes est bientôt là.