L'APC a publiquement fait part, dès fin 2006, de son intention de réhabiliter le quartier Tanger. Mis à part des démolitions de bâtisses décidées par les services communaux, les opérations de réhabilitation proprement dites se font attendre. Les gens sont parfois sarcastiques. Ils ont la formule un peu excessive. Parlant de l'un des vieux quartiers de la commune d'Alger-Centre, ils disent : «Chaïb Ahmed ? C'est la rue Tanger ! Le matin, c'est la rue manger ; le soir, c'est la rue danger.» La rue, qui a donné son nom à tout un quartier, n'est pas aussi dangereuse que ses habitants le laissent croire. «Ce sont les personnes âgées qui répètent souvent cette formule humoristique pour avoir utilisé eux-mêmes des couteaux pour se défendre. Les jeunes d'Alger-Centre qui l'a connaissent sont rares», explique un vieux restaurateur. Pour lui, la situation s'est beaucoup améliorée. «Les agressions gratuites commises au grand jour tendent à disparaître grâce à la grande fréquentation de la rue», témoigne-t-il. En fait, contrairement aux boulevards du centre-ville, qui commencent à se vider dès 20 heures, la rue Chaïb Ahmed demeure animée jusqu'à 22 heures. Pas moyen de faire autrement. La fameuse artère abrite une centaine de commerces et autres activités qui proposent des services susceptibles d'intéresser le citoyen ordinaire. Les habitants du chef-lieu s'y approvisionnent en continu pour la simple raison que certains produits se trouvent uniquement dans ce vieux quartier. Si la rue Larbi Ben M'hidi (ex-rue d'Isly) est bordée de boutiques de luxe spécialisées dans l'habillement, Chaïb Ahmed renferme tout ce qui concerne le petit commerce. Cela concerne aussi bien les fruits et légumes, le pain, les viandes et autres alimentations générales. En plus du commerce, le quartier abrite des hôtels (le Régent), des dortoirs (El Hidhab) et des débits de boissons. Durant la journée, l'endroit connaît une effervescence très particulière. Les clients prennent d'assaut les restaurants ouverts dans tous les coins. Ils leur arrivent même de faire la chaîne devant les portes d'entrée. Le décor n'est pas nouveau. De tout temps, les lieux sont réputés pour leurs restaurants où l'on sert ordinairement de la loubia et de la sardine notamment à des prix accessibles. Aujourd'hui encore, la tradition se perpétue. Et ce n'est pas un hasard si la rue Tanger héberge «Le roi de la loubia», un petit restaurant coincé dans un angle au croisement des chemins et où l'on déguste des plats de loubia tout en restant debout. La boutique est tellement petite qu'elle ne peut pas contenir dix personnes à la fois. Le très connu «roi de la loubia» a failli toutefois fermé ses portes en 2007. Le gérant a été appréhendé par les services communaux en flagrant délit de…manque d'hygiène ! La situation est presque inévitable. Devant l'absence d'entretien, le quartier perd de son aura de jour en jour. En fait, les vieilles constructions s'effritent, les eaux usées stagnent sur la chaussée et les déchets ménagers décorent la rue et ses venelles. Le tissu urbain change constamment de visage. Auparavant, une belle bâtisse faisait face au café Joinville. A la place de la construction, se trouvent maintenant des ruines qui demandent à être évacuées. La bâtisse s'est effondrée l'année passée. L'incident a causé des blessures à une personne qui était à l'intérieur. Pour éviter que ce genre d'accidents ne se répète, plusieurs autres immeubles ont été évacués, démolis ou alors interdits d'accès (portes murées). L'APC a pourtant fait part, dès fin 2006, d'un projet de réhabilitation du vieux quartier. Mis à part les démolitions décidées, les opérations de réhabilitation proprement dites se font vraiment attendre.