À quelques jours des fêtes de l'Aïd El Fitr, la ville grouille sous les gazouillis et les tintements de jouets qui résonnent le long de la rue Colonel-Amirouche. Les deux côtés sont envahis par de petits vendeurs de jouets. Des enfants en âge d'être scolarisés ou de jouer vous proposent une variété de jouets, des pétards, des ballons, des poupées, des pistolets et des épées… ou encore, tient, des boxeurs dont on en distingue un GI américain et un barbu enturbanné (Benladen), une marionnette en duel. Ainsi, le travail des enfants passe ici inaperçu – souvent secondés ou encouragés par leurs parents — se voit comme une contribution économique à la famille. Certes, le travail qui consiste ici à vendre de la joie à d'autres enfants accompagnés de leurs parents, comme le veut la tradition, n'est pas aussi dangereux que ces besognes périlleuses qu'effectuent à longueur de journée des bambins de 12-13 ans. À l'exemple de ceux qui s'éreintent dans des décharges publiques à collecter des pièces de métal ou de plastique ou autres produits toxiques. Vendre des jouets est une autre forme d'exploitation, dans des conditions différentes. “C'est mon frère aîné, commerçant ambulant, qui m'a offert cette opportunité ; une occasion pour moi de jouer en manipulant ces jouets, mais aussi de les vendre à d'autres enfants”, dira un vendeur occasionnel d'à peine 14 ans. Son ami avouera : “Avec les bénéfices, nous nous paierons quelques factures et nous achèterons nous-mêmes les affaires scolaires.” Ils sont trois frères, dont l'aîné est lycéen, à étaler des jouets qu'ils ont pu acheter au marché de gros de Tazmalt. Tant que l'enfant maintient le vœu de reprendre la scolarité et s'empresse de reprendre le chemin de l'école, on peut dire que le “commerce” n'est qu'un petit passage à vide ; mais quand on s'implique dans le processus du gain facile et de la rente de la façon la plus inconditionnelle, il serait difficile de s'investir dans les études.