Tout a commencé fin février dernier quand des renseignements parvenus aux gendarmes de la GN de Bordj Bou-Arréridj faisaient état d'un large trafic de devises, euro et dollar US, dans une succursale de change exploitée par un ex-banquier de la Banque d'Algérie. Celui-ci, répondant aux initiales KH. B., achetait des devises illégalement et établissait des attestations de change dénuées de toute authenticité pour ses “clients”. Ses victimes : les retraités et les émigrés. Mais aussi les voyageurs et détenteurs de devises qui font des changes légaux par le biais de leur passeport. D'ailleurs, le banquier indélicat exploitera cet aspect en promettant à ses proies un visa Schengen. En effet, une fois le dossier complet reçu, en sus du passeport original, il effectue des retraits en devises et les vend aux importateurs et aux exportateurs de la région. Et pour faire vrai, il exigeait de sa clientèle la qualité de détenteur d'un compte en devises, faute de quoi il lui signifiait la difficulté d'obtenir le fameux visa. Ce qui flouait davantage les prétendants à ce document de voyage vers l'Europe. Il exploitait même la naïveté de certaines dames qui voulaient placer de l'or ou le troquer contre de l'argent. La fin justifiant les moyens, il ne laissait rien au hasard ! Huit victimes, dont une femme, ont fait les frais des procédés d'escroquerie de cet ex-banquier qui jouit d'une grande expérience. C'est que la succursale de change qu'il exploitait ne répondait guère au cahier des charges. Le mis en cause agissait dans un bureau de fortune au centre-ville de BBA et profitait de ses entrées à la Banque centrale d'Algérie où il exerçait. Pis encore, il organisait la fuite des capitaux à partir de BBA vers les villes d'Europe et délivrant à ses “clients” de fausses attestations de change pour tromper la vigilance des services de sécurité et des douaniers au niveau des ports et aéroports. Les investigations menées par les gendarmes de BBA ont démontré que ce cadre usait de tous les stratagèmes pour trafiquer l'euro et le dollar US, organiser la fuite des capitaux et troquer l'or de ses victimes contre des documents sans valeur administrative. Deux autres victimes se manifesteront, l'une ayant effectué un change de 3 800 euros (contre 342 000 dinars) et l'autre de 7 600 euros (contre 912 000 dinars). L'escroc n'agit pas seul puisque des personnes influentes dans l'import-export lui facilitaient la vente et l'achat des devises qu'il extorquait à ses victimes. Selon le commandant du GW de BBA, le lieutenant-colonel Abdelkader Laroubi, tous les mis en cause ont été présentés, le 28 août dernier, devant le procureur de la République. Mis en liberté provisoire, ils comparaîtront en citation directe. Un complément d'enquête a été demandé aux gendarmes. Par ailleurs, une fabrique clandestine de produits cosmétiques, notamment les shampoings et les savons a été découverte par la section de recherche de BBA. Les saisies sont spectaculaires. On dénombre des lots de produits aux origines indéterminées, des conservateurs et des colorants, des emballages non homologués, des étiquetages utilisés pour contrefaire des labels… etc. Là aussi, un réseau, composé de plusieurs individus, a été démantelé.