Encore une fois, des enfants et même des adultes n'ont pas goûté à la joie de l'Aïd. Blessés par ces armes en plastique, de plus en plus envahissantes, certains d'entre eux ont passé la fête dans les hôpitaux. La plupart des blessés ont été atteints par des petites balles en caoutchouc tirées à partir de pistolets en plastique, très en vogue, et qui ressemblent de plus en plus à de véritables armes. La plupart de ces jouets, pourtant interdits de vente, sont importés de pays asiatiques, notamment de Chine, et ce, en l'absence de tout contrôle. “La fabrication, la distribution, la commercialisation de jouets imitant des armes à poing ou d'autres, est interdite sur l'ensemble du territoire national”, soulignent à la fois le décret 97-494 du 21/12/1997 et l'arrêté ministériel du 12/02/1997. Mais la réalité est tout autre. Au moins 95% des jouets qui se trouvent entre les mains des enfants ou exposés sur les étals, sont des armes de guerre. Certaines d'entre elles n'ont rien à envier aux armes réelles, notamment en apparence, tandis que d'autres tirent des balles en caoutchouc ou des fléchettes. Des armes se font arracher par les enfants qui trouvent un malin plaisir à s'habiller de treillis de paras pour s'identifier davantage à leurs héros de la télévision ou à ces enfants engagés dans des conflits armés. De la Kalachnikov à 300 DA ou du PA à balle en plastique à 250 DA, en passant par les pistolets mitrailleurs à 500 DA ou des lance-roquettes à 400 DA. Mais il existe d'autres armes plus sophistiquées mais plus chères et surtout plus dangereuses. Ainsi, à 1 000 ou 1 500 DA, on peut acquérir une arme de poing qui lance des balles en plastique jusqu'à une distance de 50 mètres. Les plus petits ont eux aussi leur ration de ce type de jouets. Des chars T-34 en plastique à 120 DA, des hélicoptères Apache à 300 DA, des grenades ou des roquettes antichars. Au-delà du danger physique qu'ils représentent, ces jouets facilitent la propagation de la violence chez les enfants, notamment les plus jeunes d'entre eux, affirme un psychologue. “Les enfants sont influencés par leur environnement, notamment par la télévision et ils ont tendance à reproduire cette violence dans leurs quartiers, en jouant avec ces armes”, précise-t-il. En juin 2006, alors qu'il était ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould-Abbès s'était engagé publiquement, en présence de deux autres ministres et du représentant de l'Unicef à interdire la fabrication et la circulation sur le territoire national des jouets violents notamment ceux imitant des armes à feu. Promesse a été faite à Boumerdès lors d'une cérémonie de destruction symbolique d'un lot de jouets d'enfants ressemblant à des armes à feu. Quatre ans après, non seulement cet engagement n'a pas été tenu mais en plus la commercialisation de ces produits a pris des proportions alarmantes au point où ces armes sont vendues avec des uniformes militaires complets. De nombreux accidents ont été enregistrés ces derniers temps avec ce type de jouets. “Les enfants ne peuvent pas mesurer les conséquences de leurs actes et ceci peut conduire à des accidents, pouvant aller jusqu'à la mort, lorsqu'ils trouvent une vraie arme et qu'ils l'utilisent sans se rendre compte des conséquences”, note un document de l'Unicef.