Les avocats de la défense, malgré la satisfaction de voir leur client libre à l'issue du procès, estiment que “toute cette procédure ne tient pas la route”, et comptent faire appel de cette condamnation. Incarcéré depuis le 9 septembre 2010 à la prison de Serkadji, Djilali Hadjadj a été présenté, hier après-midi, devant le tribunal de Sidi- M'hamed, à Alger, et a été condamné à une peine de 6 mois de prison avec sursis et à verser une amende de 50 000 DA. Son épouse, impliquée dans la même affaire, a écopé, pour sa part, de deux mois de prison avec sursis et 20 000 DA d'amende. Le procureur de la République avait requis à son encontre trois ans de prison ferme et 100 000 DA d'amende ainsi qu'à l'encontre de son épouse, les deux étant poursuivis pour faux et usage de faux et dilapidation de deniers publics ainsi que pour complicité de détournement. Arrêté le 5 septembre dernier à l'aéroport de Constantine alors qu'il s'apprêtait à embarquer en direction de Marseille, ce militant de Tansparency international, connu pour son engagement contre la corruption, a été incarcéré à la prison de Serkadji depuis le 9 septembre. Il est l'auteur de nombreux rapports qui ont, plusieurs fois, accablé les autorités algériennes dans des affaires de corruption, malversations et marchés frauduleux. Animant une page au sein du journal Le Soir d'Algérie, sous l'intitulé Le soir Corruption, Djilali Hadjadj n'hésite pas à dénoncer toutes les combines qui gangrènent l'économie nationale. Ses avocats, Me Brahimi et Me Bourayou, sont restés, tout au long du procès, optimistes quant aux chances de voir Djilali Hadjadj de nouveau libre. Néanmoins, les avocats de la défense, malgré le satisfecit de voir leur client libre à l'issue du procès, sont d'accord pour dire que “toute cette procédure ne tient pas la route” et que cette condamnation fera objet d'un appel. “Nous sommes très contents de voir à nouveau Djilali Hadjadj libre, car sa place n'est pas en prison. Personnellement, je conteste la condamnation dont a fait objet mon client, d'ailleurs nous allons faire appel du verdict”, nous dira Me Brahimi. De son côté, l'autre avocat chargé de cette affaire, Me Bourayou, qualifie de “lourde” la condamnation infligée à Hadjadj. “Je pense que ce procès a visé plus l'homme que les faits. Le plus important, c'est de voir Djilali Hadjadj retrouver sa famille, même si toute cette procédure ne tient pas la route”, dira Me Bourayou. Ce qui cloche dans cette affaire, c'est le choix du moment de l'arrestation. Cela fait six mois déjà que le mandat d'arrêt était lancé et que l'affaire a connu sa première instruction. Durant tout ce temps, le couple Hadjadj n'avait jusque-là jamais été inquiété par la police, encore moins par la justice. L'homme et son épouse n'ont fait l'objet d'aucune convocation policière ni judiciaire. S'agit-il d'un simple oubli où d'une omission volontaire ? L'erreur de Hadjadj aurait-elle constitué une monnaie d'échange contre son silence ? Hadjadj serait-il victime de son erreur ou d'avoir continué à publier ses propres rapports ? Autant de questions que se pose tout un chacun et qui demeurent sans réponses, même si Me Brahimi a exclu toute forme d'acharnement contre son client. “C'était la procédure”, nous dira-t-il. Rappelons que la Cnas avait introduit une plainte contre Djilali Hadjadj en 2006 où il a été condamné par défaut.