Désolation, désarroi, crainte du lendemain. Ce sont les maux qui affectent jusqu'à l'empoisonnement le quotidien des travailleurs des sites miniers d'ArcelorMittal Tébessa, depuis plus d'une année maintenant. Ces travailleurs, qui sont répartis entre les carrières de l'Ouenza et de Boukhadra et qui assistent impuissants à l'abandon de l'exploitation par la multinationale de pratiquement tous les carrés miniers, appréhendent le pire. Ils estiment avoir été piégés par les responsables de la société minière étrangère qui donne, de plus en plus, l'impression de se préparer à plier bagage avant même la date butoir d'août 2011 de clôture du contrat décennal la liant au holding algérien Ferphos. Une crainte que ne viennent pas atténuer les nouvelles qui leur parviennent depuis les locaux administratifs de ArcelorMittal Tébessa, loin s'en faut. La plus récente se rapporte à l'implication directe de leur directeur général par intérim, Bouchami Abdelouahab, dans une sombre affaire de détournement des deniers publics et privés et de passation de marchés de sous-traitance contraire à la législation et dont le préjudice causé au Trésor public s'élève à plus de 600 millions de dinars. Celui-ci est d'ailleurs convoqué officiellement par le juge d'instruction près le tribunal d'El-Aouinet (Tébessa), pour le 20 octobre prochain, alors que son prédécesseur à cette fonction managériale, Benabderrahmane Omar, également concerné par ces malversations, est sous le coup d'un mandat d'arrêt, qu'il n'a toujours pas validé depuis le mois de juillet dernier. Considéré en fuite, l'ex-DG de la société des mines est activement recherché par les services de sécurité, lesquels comptent bien l'obliger à rejoindre le directeur de l'exploitation de l'entreprise, A. El-Eulmi, et 5 entrepreneurs privés placés sous mandat de dépôt, tout comme lui, depuis la date indiquée plus haut. Une affaire scandaleuse intervenue à un moment où les salariés constatent avec effarement que les promesses de développement des carrières qui leur étaient faites par les dirigeants d'ArcelorMittal Tébessa n'étaient, en fait, que des paroles en l'air. “Comme chacun peut le vérifier, sur les quartiers à ciel ouvert Overtic, Chagoura-Nord, Chagoura-Sud et l'îlot Zerga de l'Ouenza ainsi que sur les chantiers amont et aval de Aïn Ezzania de Boukhadra, plus une seule roche n'est extraite à cause de l'inconséquence des responsables de la société”, dénonce ce contremaître, qui cumule plus de 25 ans d'expérience à la mine. Dépité, il assure que la même situation prévaut au chantier souterrain 3e et 4e phases de Boukhadra où, plus grave encore, un effondrement gigantesque a eu lieu récemment, à cause des services compétents qui n'ont pas pris les précautions nécessaires en étayant durablement les galeries. “Cet accident, qu'on aurait pu éviter, a enseveli irrémédiablement les chantiers depuis le niveau 1 225 jusqu'au niveau 1 300. Une véritable catastrophe pour cette carrière exploitée depuis au moins un demi-siècle, sans problème notable. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que tout ceci n'a pas suscité la moindre réaction de la part de la direction, alors que l'éboulement compromet durablement l'activité de ce chantier”, ajoutera-t-il, avant de maudire le jour où les responsables du groupe Ferphos ont cédé le pas au partenaire indien.