“L'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce est un processus inéluctable. La négociation des termes de cette accession est une étape d'autant plus redoutable qu'elle intervient avec beaucoup de retard et que les demandes de concessions de la part des pays membres sont de plus en plus exigeantes.” C'est ce qu'affirme Mouloud Hedir, consultant indépendant, actuellement conseiller au Forum des chefs d'entreprise, dans son livre L'économie algérienne à l'épreuve de l'OMC. Pour M. Hedir, les enjeux de cette accession se trouvent dans la capacité du pays candidat de bien comprendre les règles et faire en sorte que leur nécessaire application serve au mieux ses objectifs de développement économique et social. L'excellent ouvrage de Mouloud Hedir est articulé autour de deux parties, subdivisées en plusieurs chapitres. La première partie est consacrée à la présentation du système commercial multilatéral, de sa logique propre et de son évolution au cours des cinquante dernières années, ainsi qu'à l'exposé des règles contenues dans les principaux accords commerciaux multilatéraux dont l'OMC va rendre l'application obligatoire à l'échelle de l'économie algérienne. Ces accords font l'objet d'une présentation succincte de leur contenu et d'une analyse de leurs principales implications, ou de leurs contraintes les plus évidentes, pour l'économie algérienne. La seconde partie traite des implications de l'accession à l'OMC, sur au moins quatre principaux secteurs de l'économie algérienne : l'industrie hors hydrocarbures, l'agriculture, les services et l'industrie des hydrocarbures. Pour Mouloud Hedir, “trop de retard a été pris, depuis plus de quinze années, dans la conduite à bien de ce dossier de l'accession de l'Algérie au GATT, d'abord, à l'OMC, maintenant”. Entre le statu quo et une accession trop coûteuse parce que réduite à la seule dimension politique ou administratif, l'ouvrage de Mouloud Hedir montre qu'une autre voie est possible. La tâche paraît lourde, rendue plus difficile par l'accord d'association avec l'Union européenne qui a, d'une certaine manière, faussé le jeu. Ce livre, à lire absolument, place le débat sur des questions plus pragmatiques et techniques, loin des passions idéologiques, qui “nous éloigne de la prise en charge réelle des vrais problèmes et de la prise en conscience du fait que les vrais enjeux résident beaucoup moins dans l'opposition libre-échange protectionnisme que dans la capacité de l'Etat de définir et de conduire les profondes transformations que l'intégration mondiale induira”. M. R.