Les évènements tragiques du 11 septembre 2001 ont provoqué un déclic chez la communauté des Américains originaires des pays arabo-musulmans. C'est ce qu'a déclaré, hier, Maram Abdelhamid, diplômée en sciences économiques et politiques, lors de la conférence organisée conjointement par l'ambassade des états-Unis à Alger et le centre Echaâb des études stratégiques. Etant elle-même originaire d'égypte, la jeune femme a précisé que cette communauté est présente depuis longtemps aux USA, “mais son activité politique est récente et dure depuis seulement 25 ans”. “Avant le 11 septembre, cette communauté n'était pas intéressée par la politique, à l'exception de la question palestinienne”, a-t-elle signalé, justifiant cette indifférence par “le niveau très élevé” des membres de la communauté arabo-musulmane, ainsi que par “l'absence de liberté” dans leur pays d'origine. Dans son exposé, étayé par des diapositives, Mme Abdelhamid a révélé que c'est au 20e siècle que les Arabes, plus particulièrement les Libanais et les Jordaniens, ont émigré aux USA. Selon elle, la seconde vague migratoire est intervenue dans les années 1950, 1960 et 1970, et a surtout concerné les Palestiniens et les égyptiens. Quant à la troisième vague, elle a touché des Maghrébins, ainsi que des Irakiens et d'autres habitants venus encore du pays des Pharaons. “Les Arabes musulmans s'impliquent dans la vie américaine, y compris dans la vie militaire ; ils ont participé à la Première Guerre mondiale, à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre en Irak”, a indiqué l'intervenante, en montrant des photos de membres de cette communauté, dans la vie sociale et culturelle ou lors des rendez-vous électoraux. Au cours du débat, la consultante américaine a tenté de définir le concept de “monde arabe” en fouillant dans sa mémoire de petite fille et dans ce que ses parents lui ont transmis sur le raïs Abdel Nasser, la nation arabe et le fait que “les Arabes sont frères”. Plus loin, Maram Abdelhamid a livré certaines données chiffrées, notant que la population arabe américaine est estimée à 3,5 millions, alors que la population arabo-musulmane américaine s'élève à 6,7 millions. Autrement dit, sur une population totale ayant franchi le cap des 300 millions d'Américains, les Arabes et les Arabo-musulmans représentent de très faibles taux, respectivement de 1% et 2%. Les Libanais se placent en 1re position (32%), suivis des égyptiens (11%) et des Syriens (10%). Les Maghrébins (dont une faible proportion d'Algériens) et les Palestiniens viennent en 4e position (5% chacun), avant les Irakiens et les Jordaniens (4% chacun). “Nous ne sommes pas très nombreux, mais nous essayons de nous organiser, pour réussir ce que nous faisons. (…) Nous sommes dans une démocratie où la Constitution nous protège”, a affirmé la conférencière, non sans reconnaître que “le chemin est long”. Mme Abdelhamid ne s'est pas, néanmoins, attardée sur l'observation d'un des participants, qui l'a interpellée sur le développement d'une éventuelle stratégie de lobbying prenant en compte les 6,7 millions d'Arabo-musulmans, ainsi que la communauté africaine américaine qui compte près de 22 millions de personnes.