Ahmed Benbitour, ancien Chef du gouvernement, propose aux lecteurs de Liberté une réflexion en cinq parties et qui paraitra chaque jeudi en page 2. La réflexion porte sur les élites et la crise multidimensionnelle de l'Algérie. Il est vrai que le sujet du rôle des intellectuels, durant la période d'après-62, est devenu presque un tabou par ceux-là mêmes qui ont géré et gèrent le pays sans oser aller jusqu'à prendre les rênes du pouvoir. Cette absence de relais a abouti aux événements du 5 Octobre 88 qui, à son tour, a plongé le pays dans une situation qui ne fait que s'aggraver. Le débat est ouvert. Vos réactions seront les bienvenues à l'adresse e-mail suivante : abrousliberté@gmail.com Outoudert ABROUS Définition des élites Je vous propose un sujet de débat autour du rôle que peuvent jouer les élites dans la résolution de la crise multidimensionnelle que vit notre pays. à cette occasion, je suggère une lecture inédite, tout à fait nouvelle, de quelques évènements qui ont marqué le déclenchement de la guerre de Libération nationale. Il s'agit du lancement du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA), de la création du Front de Libération nationale (FLN) et du déclenchement de la Révolution armée le 1er Novembre 1954. C'est une lecture que je fais aujourd'hui afin d'en tirer quelques leçons pour nous aider à aller de l'avant dans la recherche de solutions à la situation de blocage des institutions et de la panne des réformes. Je ne dis pas que c'est une lecture qui a été faite par les acteurs en 1954, mais c'est une lecture qu'on peut s'autoriser pour des fins d'analyse. Alors, je vous invite à participer activement au débat pour sauver la nation algérienne. J'ouvre ce premier sujet de débat pour répondre à la question suivante : comment constituer des élites qui peuvent être capables de jouer un rôle de premier plan dans la résolution de la crise que vit l'Algérie, aujourd'hui ? Commençons par la définition des concepts d'élites et de crise. Par élites, il faut entendre : un groupe de gens dans une société, qui sont puissants et qui ont beaucoup d'influence parce qu'ils possèdent richesses et/ou savoir. Donc, lorsque nous parlons d'élites, nous parlons de groupe de gens, pas d'individus dispersés ; de société, pas d'un désert ; de puissance et d'influence, pas de gens marginalisés ; de richesse et de savoir, pas d'individus dépourvus de moyens intellectuels et matériels. Comme dans les sociétés normalement constituées, la richesse et le savoir sont les chemins les plus rapides d'accès au pouvoir, nous constatons un abus de langage en qualifiant les tenants du pouvoir, d'élites. Il se trouve que dans beaucoup de pays en développement, l'Algérie notamment, c'est le pouvoir qui mène à la richesse et non le contraire. Alors que les gens de savoir sont totalement exclus de celui-ci. Cette définition permet de tracer clairement la feuille de route de départ pour constituer des élites, qui voudraient contribuer à la résolution de la crise : 1- se réunir en groupes et penser institutions pour créer des alliances stratégiques ; 2- mener un travail d'éducation citoyenne pour disposer d'une société à l'écoute et non “prêcher dans un désert” ; 3- construire des capacités de puissance et d'influence par une image d'intégrité sans faille et la démonstration convaincante ; 4- réunir les moyens intellectuels et matériels pour soutenir la mobilisation nécessaire à la résolution de la crise. Dans la deuxième chronique, je vous proposerai la définition de la crise. En attendant échangez entre vous sur le rôle des élites dans la résolution de la crise. à jeudi prochain.