Quelles garanties pourrait bien obtenir le président du conseil législatif palestinien pour avoir donné son accord de principe de succéder à Mahmoud Abbas ? La question s'impose parce que Ahmad Qoreï avait prévenu qu'il ne donnerait son accord pour devenir premier ministre que s'il obtient des assurances américaines et européennes pour mener à bien sa mission consistant à aboutir à la paix entre Israël et la Palestine. C'en est fini de la mission de Abou Mazen à la tête du gouvernement palestinien. Sa bonne volonté n'a pas suffi pour convaincre les Israéliens de s'engager sincèrement dans le processus de paix, ni de forcer la main à Yasser Arafat pour le doter de toutes les prérogatives pour mener convenablement sa tâche sur le plan interne. C'est au tour de Ahmad Qoreï de prendre la direction des opérations pour tenter de réaliser la paix au proche-Orient. Il y a lieu de relever que l'ex-président du CLP a posé ses conditions pour accepter la proposition du président de l'autorité palestinienne, parce qu'il se disait non disposé à subir un échec. Son accord de principe pour diriger le prochain gouvernement palestinien est certainement motivé par des garanties américaines et européennes pour l'aider à réussir dans sa mission, conditions sine qua non qu'il avait posées pour dire oui à la proposition de Arafat. Quelle pourrait être la nature des assurances attendues par Qoreï ? En effet, on ne peut que s'interroger sur l'engagement du nouveau premier ministre palestinien dans ce que beaucoup d'observateurs qualifient de “mission impossible”. L'échec de Mahmoud Abbas, en dépit d'un soutien américain et des préjugés favorable israéliens, montre la complexité de la tâche qui attend son successeur. Néanmoins, il faut reconnaître que Ariel Sharon n'a à aucun moment joué le jeu, au contraire il a essayé d'arracher le maximum de concessions à Abou Mazen, tout en refusant de céder sur les questions jugées essentielles par les Palestiniens, à savoir celles des prisonniers, de la ceinture de sécurité, du statut de Jérusalem et du droit au retour des réfugiés. Pis, il a même empiété sur les dispositions de la feuille de route relative aux territoires attribués à l'autorité palestinienne. Il n'est guère évident que l'Etat hébreu accepte de reculer sur ces questions, que le chef du gouvernement israélien qualifie de fondamentales pour la sécurité de son pays. Cela ne fait que renforcer chez les observateurs de la région le sentiment d'un échec annoncé de la mission de Ahmad Qoreï. Cet homme, qui connaît fort bien ses vis-à-vis israéliens pour avoir été l'un des architectes des accords d'Oslo en 1993, cache-t-il dans sa manche des atouts insoupçonnés à même de lui permettre de forcer la main à ses interlocuteurs ? Rien ne l'indique pour l'instant, mais son insistance à exiger des garanties de la part des Américains et des Européens avant d'accepter de diriger le futur cabinet palestinien laisse supposer qu'il a préparé une bonne stratégie pour s'attaquer à ce dossier très délicat. Sa réussite ou son échec dépendent beaucoup plus de la volonté des Israéliens d'aboutir à une véritable paix que d'autre chose. D'ailleurs, il n'a pas manqué, hier, de s'adresser directement aux Israéliens, sollicitant leur engagement à l'aider dans sa tâche. Et cela est une évidence pour tous les spécialistes de la question palestinienne. En somme, il appartient aux Etats-Unis de garantir un aboutissement à la paix en amenant Tel-Aviv à discuter sérieusement de paix. Ahmad Qoreï le sait parfaitement, et c'est la raison de son hésitation au départ. On ne tardera pas à être fixé sur les intentions d'Ariel Sharon, qui détermineront la confirmation de nomination, voire la durée du mandat de Ahmad Qoreï. K. A.