Secundo, ce sont les “intellos égyptiens” valets du pouvoir algérien qui, depuis les années quatre vingt, ont orchestré la guerre contre Mohammed Arkoun, plutôt contre ses idées et ses écrits modernes, critiques et courageux. Un certain cheikh Al Ghazali, celui qui le jour de la mort de Kateb Yacine (en 1989) a appelé à l'interdiction d'enterrer cet “écrivain impure” dans le carré des martyrs du cimetière El Alia d'Alger. À ses yeux, Kateb Yacine est un athée, un apostat, un Satan. Ce même cheikh, dans les années cinquante, cette fois-ci au Caire, a demandé l'interdiction du roman Les fils du Médine (Awladou Haratina) et a condamné son auteur Naguib Mahfouz. Le roman est resté interdit jusqu‘à nos jours. En 1986, Al Ghazali, alors superstar de la télévision nationale, les mauvaises langues disaient que le cheikh occupait l'écran plus que le président Chadli Bendjedid, a promulgué une fatwa (discours) qualifiant Mohammed Arkoun d'athée. Un autre cheikh égyptien, qui n'est que cheikh Kardhaoui, voyait en Mohammed Arkoun un opposant farouche à l'Islam égyptien, celui des (Frères musulmans). La conférence d'Arkoun, au colloque annuel sur la pensée islamique organisé, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, par le ministère des Affaires religieuses et des Habous, fut un événement et un phénomène intellectuel. Cheikh Kardhaoui, alors amoureux d'une jeune étudiante constantinoise, ne voyait en Mohammed Arkoun qu'un occidentalisé, un aliéné ! Je ne suis pas bien ! Je suis en colère quand je vois que nos grands penseurs sont bannis par des coopérants prédicateurs. En ce temps intellectuellement maigre, nous avons besoin d'un Ibn Ruchd (Averroès) moderne, capable de nous rappeler et de nous enseigner les rapports et les différences entre un philosophe et un prédicateur, entre la philosophie et la charia ? En 2011, Tlemcen sera la capitale de la culture islamique. J'appelle à rendre hommage au grand islamologue algérien, Mohammed Arkoun, par l'organisation d'un colloque international autour de sa pensée et de ses écrits. Et je ne suis pas bien ! A. Z. [email protected]