La société civile, une des fiertés du mouvement citoyen, est éreintée et ne porte plus la force de ses convictions ; les partis politiques ont fini par entrer dans le protocole de la cour et la presse, à bout de souffle, a troqué son stylo pour une page de pub. Les commémorations ne sont plus ce qu'elles devraient être et le danger de l'oubli n'est pas loin. Année après année, les souvenirs s'effilochent au gré des vicissitudes de la vie qui devient de jour en jour plus dure. Il n'y a qu'à voir les recueillements sur les tombes de ceux qui croyaient “en la famille qui avance”. Les présents se font de plus en plus rares. Par dépit ou par lassitude ? Plus près de nous, l'anniversaire du 5 Octobre est symptomatique de ce recul de la démocratie qu'on croyait en construction et qui nous échappe chaque jour un peu plus. Octobre n'aura été finalement qu'une crise interne dans le cercle des tenants du pouvoir, un éclatement entre les deux entités qui n'en faisaient qu'une : le parti-état. Les évènements de rue n'auraient donc été que le décor pour le scénario de la crise de pouvoir ? C'est que l'on est tenté de le croire. Sinon comment expliquer qu'en si peu de temps, on soit revenu presque à la situation d'avant 88. La société civile, une des fiertés du mouvement citoyen, est éreintée et ne porte plus la force de ses convictions ; les partis politiques ont fini par entrer dans le protocole de la cour et la presse, à bout de souffle, a troqué son stylo pour une page de pub. Tout ceci pour dire que le torrent du 5 Octobre avec ce qu'il a apporté comme acquis pour le peuple : révision de la Constitution, ouverture du champ politique et médiatique, existence d'une société civile sincère, notamment, n'a pas eu une assise de confortement forte, à même d'instituer une autre gouvernance. Il est vrai que la gestion du pouvoir, à cette période, a été des plus floues, plus nourrie par des tiraillements que par le choix d'un cap. Les révélations de l'ancien président Bendjedid que nous avons publiées dans notre édition d'hier donnent une image de ce qu'était le pouvoir et de ceux qui tournaient autour. O. A. [email protected]