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L'hommage humiliant de la République au prince
Publié dans Liberté le 10 - 09 - 2003

La loi c'est moi. C'est le sens de la déclaration de Zerhouni sur la légalité de la chasse à la gazelle et à l'outarde massivement pratiquée par les notables du Golfe dans les régions de Béchar, de Naâma, d'El-Bayadh et de Ghardaïa.
“Ce n'est pas du braconnage. Ces personnalités chassent avec des autorisations officielles et dans des conditions précises imposées par le ministre de l'Agriculture, conditions portant sur la protection de la faune”, a-t-il notamment affirmé.
Quelle est cette autorisation de ministre, en effet, qui dénonce les conventions internationales sur la protection des espèces menacées ? L'Algérie a adhéré en 1983 à la convention de Washington contre le commerce international de la flore et de la faune en voie de disparition (CITES 1973) dont l'annexe I comprend, dans sa liste d'espèces visées par la convention, l'outarde. Par commerce international, la convention entend toute exportation d'essences ou d'animaux protégés.
Il s'agit bien de braconnage, même si le gouvernement assume sa complicité, car, dans l'esprit et la lettre des conventions internationales, il n'y a pas de chasse d'animaux menacés de disparition. Elles ne parlent que de braconnage. Et un Etat, qui plus est a adhéré, comme c'est le cas pour l'Algérie, à ce genre d'engagements, n'a plus le droit d'autoriser le massacre de la faune protégée.
Certes, le braconnage des gazelles et outardes est aussi vieux que la ratification de la convention de Washington et que… la loi qui protège ces animaux. Le décret du 20 août 1983, pris en application de la loi du 5 février et qui prétend protéger, entre autres, l'outarde et la gazelle, est concomitant au développement de ce plaisir démentiel que des bédouins ont choisi de s'offrir depuis plus de vingt ans chez nous.
Il y a là un véritable cas d'arbitraire contre la nation et la nature, de violation des lois par un Etat qui place son devoir d'allégeance à des notables orientaux au-dessus de la législation nationale et des pactes internationaux qu'il a ratifiés.
En décembre 2002, le ministre de l'Environnement s'est vu contraint, tout en proclamant son opposition à cette pratique anti-écologique, voire anticivilisationnelle, d'avouer son impuissance à empêcher le massacre. Et comme nous sommes dans un Etat où le droit donne moins de force que l'obédience clanique, le ministre de l'Agriculture semble avoir la force de violer la loi là où le ministre de l'Environnement n'a pas le pouvoir de l'appliquer !
Zerhouni fut, un jour, obligé d'aller jouer les bons offices entre des Qataris et des Saoudiens qui se disputaient nos espaces de chasse. Un ministre des Collectivités locales arbitre du partage de son territoire entre colons braconniers !
Mais, puisque les désirs de nos despotiques maîtres font loi, pourquoi les cruels et sanglants fantasmes de leurs princières amitiés n'en feraient pas autant ? Quitte à faire du pays la risée de la chronique écologique au temps du développement durable.
M. H.


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