Parmi les priorités qui émergent ces derniers temps dans le secteur commercial, et si on s'en tient aux déclarations du ministre en charge de ce dernier, il y a la lutte contre les marchés informels et l'accession à l'OMC. Mais il y a une autre qui me paraît essentiel c'est la réduction des coûts de transaction dans les opérations du commerce extérieur. Les mesures prises dans la lois des finances complémentaire (LFC) 2009 ont certes contribué à une réduction des importations de 15%(2,9 milliards $ en août 2010 contre 3,4 milliards$ en 2009), néanmoins cette baisse aurait été plus forte si elle avait été accompagnée d'une action vigoureuse sur les coûts de transaction de nos échanges extérieurs trop élevés comparativement à nos voisins et encore plus comparativement aux standards internationaux. Pourtant il s'agit là d'un problème récurent antérieur à la crise de 2008, puisque en 2007 par exemple, la Banque mondiale classait l'Algérie à la 140ième place derrière le Maroc (94ième) et la Tunisie(60ième) pour ce qui est de la qualité de sa chaîne logistique. Ceci malgré les investissements considérables consentis en amont dans les infrastructures de transport. Cela montre bien que le segment final de la chaîne logistique dans lequel se réalisent, au bout du compte, les gains les plus importants en matière de coûts d'échange de marchandises a été complètement omis. C'est cette situation qu'il faudra redresser sans plus attendre si l'on veut faire de nos échanges extérieurs un levier de croissance. Les mesures de redressement, initiées timidement pour certaines d'entre elles, sont de trois types : la modernisation et l'équipement des infrastructures portuaires et aéroportuaires, l'amélioration de la qualité du management des infrastructures et celle des services de soutien et la simplification des procédures de commerce extérieur. Commençons par les exportations. A ce sujet, Mohammed Benini, directeur de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX) disait en juin 2009 ,dans un journal économique en ligne Econostrum.info, que « les plus grandes difficultés sont celles que rencontre l'exportateur sur la chaîne logistique : un produit devrait normalement arriver à son destinataire en deux ou trois jours or, aujourd'hui, nous sommes sur des délais qui varient de 10 à 15 jours, parfois davantage, ce qui est excessif, notamment si on veut exporter des produits frais ». Il y évoque dans le même temps la faiblesse des moyens nationaux de transport des produits exportables : la CNAN ne couvre que 7% du volume des échanges de marchandises alors qu'Air Algérie ne dispose en 2009 que d'un seul avion cargo. Cette situation, signalée par quelqu'un qui est bien placé pour en parler, ne semble pas évoluer positivement en 2010. On a vu, à titre d'illustration, les difficultés auxquelles a du faire face l'OAIC pour stocker, conditionner et exporter les premiers excédents « historiques » d'orge. On peut ajouter dans ce registre la difficulté des exportateurs algériens de dattes à placer leurs exportations sur les marchés étrangers proches et lointains. S'agissant des importations,les mêmes causes créant les mêmes effets, les difficultés de même nature se traduisent finalement par des surcoûts observables sur la plupart des produits importés et mis à la consommation des ménages et des entreprises. Au plan des infrastructures portuaires les retards pris dans leur modernisation et leur mise à niveau datent depuis plusieurs décennies. Ce retard mettra du temps à être résorbé. Cependant la disponibilité, par exemple, de nouvelles facilités portuaires construites dans l'est du pays à Djenjen a permis d'y délocaliser avec un succès relatif une partie des importations de véhicules qui encombraient un port d'Alger déjà saturé. Il reste à équiper les autres terminaux portuaires de Mostaganem par exemple. Au plan des conditions d'exploitation et de management du port d'Alger, le partenariat avec Dubaï Port World (DPW) n'a pas encore, pour le moment et pour des raisons diverses, donné les résultés escomptés. Attendons pour voir. S'agissant des nouvelles conditions de déchargement, de transit, de dédouanement et de mise à la consommation des produits importés, les performances restent encore médiocres si l'on prend comme mesure d'efficacité l'évolution de la facture annuelle des surestaries rapportée aux volumes des marchandises importées. Malgré les progrès obtenus dans la conteneurisation de l'essentiel des marchandises arrivant au port d'Alger, les lenteurs persistantes des opérations signalés par les importateurs proviennent, selon certains professionnels, de l'insuffisance des aires de dépôt disponibles dans les ports secs. Cette insuffisance elle-même est due à des flux de sortie encore trop lents. En attendant l'assouplissement des procédures, la relation de confiance, à construire entre les importateurs et l'administration des Douanes, permettrait d'accélérer ces flux de sortie. Cela, en procédant par exemple, à des contrôles a posteriori, à l'instar de ce qui est fait les grands ports européens et mondiaux. En conclusion, si on ajoute aux actions proposées plus haut, la réduction de coûts de distribution par la lutte contre les marchés informels et les pratiques commerciales illicites d'une part et la mise en place de réseaux de supermarchés d'autre part, on diminuera les surcoûts commerciaux qui pénalisent les entreprises et les ménages. Mais pour le moment ne rêvons pas trop car on est loin du compte. M. M.