OTA change ainsi de tutelle. Mais le problème demeure entier. Sawiris fait une belle affaire et fourgue le bébé à Alexander Izosimov qui, à son tour, tente d'arracher le maximum. “Business is business”. Il fallait bien se douter de quelque chose lorsque le patron d'Orascom Télécom Holding, Naguib Sawiris, s'en était violemment pris au gouvernement algérien à partir de Londres. Le ton utilisé et les critiques acerbes adressées même au président Bouteflika, qui l'avait pourtant aidé en 2001 à l'installation de son groupe en Algérie, renseignaient sur au moins une chose : l'issue du dossier OTA risquait d'être aux antipodes des plans algériens. Et on n'a pas tardé à le vérifier. L'accord conclu entre le groupe russo-norvégien et Weather Investments, qui a vu le géant OTH se dissoudre dans une sorte de 5e multinationale du mobile, n'arrange pas les affaires algériennes. Du coup, se pose la question de savoir si le droit de préemption réaffirmé par le ministre de l'Industrie est réalisable dans l'état actuel des choses. Les Russes, visiblement rompus au négoce international, acculent le gouvernement algérien en proposant de céder OTA pour pas moins de 8 milliards de dollars. C'est presque un budget d'Etat. VimpelCom sait que Djezzy est l'une des filiales les plus juteuses d'OTH. À ce titre, le géant des télécoms ne fera pas de cadeau au gouvernement. Alger se retrouve ainsi embourbé dans un dossier qu'il croyait régler à coup de déclarations politiques mais qui n'ont fait qu'augmenter la cote de l'opérateur égyptien. OTA change ainsi de tutelle. Mais le problème demeure entier. Sawiris fait une belle affaire et fourgue le bébé à Alexander Izosimov qui, à son tour, tente d'arracher le maximum. “Business is business”. Que fera l'Algérie ? Nationaliser de force OTA serait lancer un mauvais signal en direction d'une communauté internationale qui continue de garder un œil vigilant sur les nouvelles orientations économiques du pays. Laisser les Russes gérer la grande entreprise des télécoms en Algérie signifie que les autorités doivent redoubler de vigilance pour éviter une nouvelle saignée des capitaux vers l'étranger. Un véritable dilemme. Reste la question des compétences algériennes en matière de commerce international et des multiples rouages de la finance mondiale. La mondialisation dont on parle depuis longtemps n'a pas seulement frappé à nos portes. Elle vient d'en casser une. Bienvenue dans le monde réel.