La Ligue arabe renvoie la balle palestinienne dans le camp américain et, pour ne pas faillir à son traditionnel rituel, une nouvelle réunion est prévue dans un mois pour refaire le point ! Pas de négociation avec Israël sans nouveau moratoire de la colonisation, mais Washington est sollicité pour “réunir les conditions nécessaires à la remise en marche du processus de paix”. La montagne a accouché d'une souris. La Ligue arabe a apporté son soutien au président palestinien Mahmoud Abbas qui refuse de négocier avec Israël si la colonisation se poursuit, tel est le verdict du sommet arabe de Syrte en Libye qui clôt ses travaux aujourd'hui avec la rencontre arabo-africaine. L'organisation panarabe qui n'aura pas fait preuve d'imagination s'est ainsi contentée de reconduire sa posture en renvoyant le bébé à Washington qu'elle exhorte “à poursuivre ses efforts pour stopper la colonisation israélienne et ainsi permettre la reprise du dialogue”. La Ligue arabe renvoie la balle palestinienne dans le camp américain et, pour ne pas faillir à son traditionnel rituel : une nouvelle réunion est prévue dans un mois pour refaire le point ! Le moratoire arabe d'un mois, c'est pour ne pas indisposer le président américain préoccupé aujourd'hui par les élections (américaines) de mi-mandat. Les chefs d'Etat arabes nourrissent sans doute l'espoir de trouver un Barack Obama plus disponible après cette échéance électorale. Le président de l'Autorité palestinienne aura trouvé l'ouverture-couverture qu'il attendait dans ses “pourparlers” avec les Israéliens, en obtenant de ses pairs, lesquels, du reste, ne se sont pas fait prier, tout l'appui qu'il souhaitait. Mahmoud Abbas, le dos au mur, est persuadé, depuis qu'il a succédé à Arafat, qu'il n'y a pas d'autre alternative, sauf à reprendre la guerre. Ce qui, à ses yeux, est assez hypothétique, dans la mesure où cette option est bien loin de faire le consensus au sein de la Ligue arabe, y compris dans le soi-disant front du refus. C'est pourquoi s'est-il sans cesse appliqué à associer pleinement ses pairs arabes dans ses tentatives d'amener, un tant soi-peu, à la raison, ses partenaires israéliens et l'arbitre autoproclamé que sont les Etas-Unis. Abbas ne cherche pas plus qu'à obtenir la prolongation par Netanyahu du moratoire sur la construction de colonies en Cisjordanie, qui a expiré le 26 septembre, pour continuer les pourparlers de paix, bien que ni les Etats-Unis et encore moins Israël, ne semblent, pour leur part, prêts à faire quoi que ce soit pour sortir de cette impasse. Pour forcer la main de son interlocuteur américain, Abbas n'a-t-il pas laissé entendre la veille de l'ouverture du sommet de Syrte qu'il pourrait mettre sa démission dans la balance en cas d'échec du processus de paix à cause de la colonisation israélienne ? Le chantage s'adressait également aux dirigeants arabes qui ne trouveraient pas meilleur partenaire dans les circonstances actuelles pour ne pas dire dans les rapports de force qui prévalent dans la région moyen et proche-orientale. L'avertissement était explicitement destiné aux régimes qui nourrissent encore des liens très étroits avec Washington et aux deux pays qui ont des relations diplomatiques avec les Israéliens, l'Egypte et la Jordanie. Apparemment, la menace d'Abbas a fonctionné. Des informations subitement diffusées à Washington et New York, avant l'ouverture du sommet de syrte, faisaient état d'une offre américaine à Israël : des “incitations” en échange d'une prolongation du gel de la colonisation. Netanyahu, qui n'a pas encore répondu positivement à cette offre, exigerait notamment qu'Obama entérine les engagements écrits pris en 2004 par son prédécesseur George W. Bush, lequel avait appuyé l'annexion par Israël des grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord final. Obama avait refusé de reprendre à son compte cet appui. Comme pour signifier qu'ils n'attendent pas grand-chose de ce sommet, Américains et Européens poursuivent donc activement leurs manœuvres diplomatiques. Les chefs de la diplomatie française et espagnole doivent se rendre aujourd'hui et demain en Israël, dans les Territoires palestiniens et en Jordanie. En outre, le président français Nicolas Sarkozy espère réunir le 21 octobre à Paris Netanyahu et Abbas ainsi que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton en marge d'une réunion de l'Union pour la Méditerranée (UPM). En cas d'échec ! S'il s'avérait impossible de forcer la main des Israéliens pour un nouveau moratoire même partiel, de façon à remettre le processus sur les rails, la Ligue arabe se dit prête à envisager des alternatives aux négociations de paix israélo-palestiniennes. Les Palestiniens pourraient ainsi demander à la communauté internationale de reconnaître unilatéralement leur Etat dans les frontières de 1967 mais avant, selon un haut responsable de l'OLP, Salih Rafat, la direction palestinienne a prévu de préparer un plan pour que les Arabes et les acteurs internationaux portent les activités de colonisation israéliennes devant les Nations unies ou le Conseil de sécurité !