Les récentes mesures prises pour limiter les importations pèsent sur la consommation des ménages et sur l'activité du secteur privé, selon le dernier panorama des risques établi par la Coface. “En 2010, la reprise est portée par le rebond de la production d'hydrocarbures qui s'ajuste à une demande extérieure en hausse progressive et aux quotas décidés par l'Opep. L'économie pourrait, cependant, pâtir d'une demande européenne de gaz plus faible que prévu. Hors hydrocarbures, l'activité devrait continuer à progresser à un rythme honorable, soutenue par les dépenses publiques.” C'est ce que relève la Coface dans son dernier panorama des risques publié le 3 octobre dernier. La Coface précise que depuis décembre 2005, l'Algérie est accréditée de la note A4. La note pays (@rating) indique dans quelle mesure un engagement financier d'une entreprise est influencé par les perspectives économiques, financières et politiques du pays concerné. Concernant l'Algérie, du point de vue de la Coface, les perspectives politiques et économiques peuvent être marquées par quelques fragilités. Une relative volatilité de l'environnement des affaires est susceptible d'affecter les comportements de paiement, la probabilité moyenne que cela conduise à un défaut de paiement restant acceptable. Le document indique que “les revenus pétroliers mis en réserve au cours des années précédentes dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) permettent de poursuivre un vaste programme d'investissements publics (infrastructures et habitat)”. En revanche, souligne-t-on, les récentes mesures prises pour limiter les importations pèsent sur la consommation des ménages et sur l'activité du secteur privé. “Baisse des revenus pétroliers et politique expansionniste ont fait apparaître un déficit public en 2009, qui devrait perdurer en 2010, malgré la remontée des cours du baril. Les réserves du FRR (60 milliards de dollars) sont, néanmoins, suffisantes pour financer ces déficits. Le pays a, en outre, un très faible endettement public, ce qui lui fournit une marge de manœuvre certaine”, indique la Coface. “Par ailleurs, avec le rebond des exportations, la situation financière extérieure solide doit être confortée par d'imposantes réserves de changes. De plus, une politique active de désendettement extérieur, par le remboursement anticipé de la dette rééchelonnée et l'interdiction faite aux entreprises d'emprunter à l'étranger, a ramené les ratios afférents à des niveaux très faibles”, ajoute le document. La Coface rappelle que des mesures de protectionnisme visant les importations et les investissements étrangers ont été introduites fin juillet 2009, dans le cadre de la loi de finances complémentaire (LFC). “La LFC de fin août 2010 a légèrement assoupli certaines de ces mesures, tout en introduisant de nouvelles dispositions contraignantes”, relève le panorama. Pour la Coface, “ces restrictions sont peu propices, à court terme, à une amélioration de l'environnement des affaires et, à plus long terme, au développement de l'économie”. Dans un panorama des risques, publié le 19 juillet dernier, l'assureur-crédit à l'exportation français, tout en maintenant la note risque pays A4, avait annoncé avoir mis sous surveillance négative la note B, environnement des affaires de l'Algérie. La Coface indique que “les politiques restrictives à l'égard des importations et des investissements directs étrangers justifient la mise sous surveillance négative de la note B, environnement des affaires”, relevant une dégradation du climat des affaires depuis 2009. La note B veut dire que l'environnement des affaires est moyen. La fiabilité et la disponibilité des bilans d'entreprise sont très variables. Le recouvrement de créances est parfois difficile. Les institutions présentent certaines fragilités. Les entreprises évoluent dans un cadre instable ou peu performant. C'est un facteur de risques à prendre en compte pour les transactions interentreprises. Pour la Coface, les mesures prises pour limiter les importations et les sorties de capitaux pénalisent les opérateurs, en renchérissant et en retardant leurs approvisionnements. Elles ont, en outre, accru le poids d'une bureaucratie déjà trop important. Le climat des affaires pâtit également, indique la Coface, des restrictions s'appliquant aux investissements étrangers, qui rend le pays de moins en moins attractif alors que l'économie en a le plus grand besoin pour créer des emplois et de la croissance.