Pour la première fois dans l'histoire des Nations unies, le Canada échouait dans sa tentative d'obtenir un siège. Traditionnellement, ce grand pays a siégé au Conseil de sécurité à toutes les décennies depuis 60 ans. Son dernier mandat remontait aux années 1999 et 2000. À Ottawa, les partis d'opposition ont attribué la rebuffade des membres des Nations unies au gouvernement conservateur, qu'ils accusent d'avoir miné la crédibilité de leur pays dans le monde avec ses politiques internationales “impopulaires”. Entre autres, son alignement inconditionnel sur Israël. Au point que le gouvernement d'extrême droite de Tel-Aviv, raciste et xénophobe, a demandé au Canada de représenter ses intérêts au Venezuela après que le régime d'Hugo Chavez eut rompu ses relations diplomatiques avec l'Etat juif dans la foulée des bombardements de Gaza par l'armée israélienne en 2008 et 2009. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a signé une entente avec le gouvernement israélien à ce sujet, le 7 août 2009, révèlent des documents que la presse canadienne a obtenus et publiés ce week-end. Le secret a bien été gardé. La décision du gouvernement israélien de demander à la diplomatie canadienne d'être “ses yeux et ses oreilles” à Caracas, capitale du Venezuela, démontre que le Canada est désormais l'un des alliés les plus fidèles et les plus solides d'Israël, selon des éditorialistes. En janvier 2010, le ministre d'Etat canadien aux Affaires étrangères, responsable des Amériques, Peter Kent, a fait une visite officielle au Venezuela, la première d'un ministre canadien depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez, en 1999, pour faire passer le message suivant : “Une attaque contre Israël est aussi une attaque contre le Canada”, au sein de l'importante communauté juive du Venezuela et dans la synagogue Maripérez, cible de vandalisme en janvier 2009. Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2006, le Canada s'est résolument rangé du côté d'Israël dans les conflits qui l'opposent à ses voisins. Au sein de l'Onu, il a rejette les résolutions condamnant Israël, et sur le plan bilatéral, le Canada est passé de la coopération à la collaboration. Au cours d'une visite officielle au Canada, au mois de mai dernier, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avait déclaré : “Je me réjouis de l'occasion de passer du temps avec le Premier ministre Stephen Harper, un homme de vision et de conviction, ainsi qu'un grand ami d'Israël et un champion de la paix.” Ce changement de cap du Canada vis-à-vis du Proche-Orient a été cité comme l'une des causes de son échec dans sa tentative d'obtenir un siège non permanent au Conseil de l'Onu. Rejeté par deux fois, par l'assemblée générale, Ottawa, pour ne pas aggraver l'humiliation, s'était retiré au troisième tour des élections. Il a cédé la place au Portugal qui est passé comme une lettre à la poste. Pour expliquer à ses électeurs le revers sans précédent du Canada devant les Nations unies, le chef conservateur a recouru au complot de coulisses dont aurait été victime leur pays.